Aujourd’hui il a un plan précis : vendre des parts du club (tout en restant actionnaire majoritaire), engager Guardiola et investir sur le mercato pour construire une équipe compétitive capable mettre en pratique ses idées : dominer l’Europe et le Monde à travers les victoires et le beau jeu. En attendant de réaliser son projet (ou son rêve?), Allegri a la mission de terminer la saison et de limiter les dégats : l’objectif minimum imposé reste les trois premières places, synonymes de qualification en Champions League. On connait déjà toutes les difficultés du moment présent (et du futur immédiat) : la situation est délicate comme cela a été décrit dans les deux articles précédents. Mais sortons du terrain, du concret, et analysons un peu le futur de l’AC Milan, entre rêve et réalité.
Cet été, le club a vécu un changement radical de politique de gestion : le fair play financier mais surtout la crise économique ont poussé Berlusconi à se serrer la ceinture et cela a par conséquent touché l’AC Milan. Très touché par la crise (ses sociétés se sont écroulées en bourse), Berlusconi ne peut plus faire des folies pour Milan. Et il ne peut pas rivaliser avec les richissimes pétroliers qui ont envahi la planète foot à coups de centaines de millions d’euros. La politique de réduction des couts avait déjà commencé depuis quelques années mais cet été, les mesures ont été radicales avec notamment le départ de la majorité des sénateurs ainsi que la vente liée de Thiago Silva et Ibrahimovic. Ce redimensionnement immédiat de Milan avait deux explications possibles.
La première est celle de l’autogestion, de l’austérité et par conséquent de plusieurs années de médiocrité en attendant (et surtout en espérant) que le club parvienne à former lui même ses top players, ses bons joueurs et plus généralement son équipe toute entière. Pour cela il faut des dirigeants absolument compétents mais aussi énormément de chance et la réussite du projet reste aléatoire. En même temps, cela signifiait la démission de l’AC Milan du grand football, en devenant un club modeste qui fourni les grands clubs en leur vendant ses meilleurs joueurs pour survivre. C’est ce que le club vit actuellement et ce vers quoi on se dirige si la situation ne change pas. La seconde explication était celle de l’assainissement des finances pour préparer le club à une future vente (ce qui rendrait plus compréhensible les ventes de Thiago et Ibra ainsi que l’immobilisme du club, qui n’a aucun intérêt à planifier des projets si l’objectif est de vendre). Il est plus facile (ou moins difficile…) d’attirer des investisseurs avec finances saines. Et ces derniers jours, la possibilité que cette seconde piste soit exploitée est augmentée en flèche.
Tout d’abord car Berlusconi veut un grand Milan. Lui et son égocentrisme ne peuvent pas accepter de voir leur club devenir un parmi tant d’autres. Cependant, comme déjà expliqué plus haut, Berlusconi ne peut pas rivaliser avec les nouveaux riches. Il a besoin d’aide et il l’a publiquement demandée le 31 juillet. Milan ne fait plus partie des clubs qui peuvent se payer des champions et de les garder : le club n’a plus la puissance économique d’antan et se voit contraint de céder ses meilleurs joueurs aux clubs plus puissants. Mais cette situation ne peut pas durer, Milan ne peut pas se permettre de se défaire tous les deux ou trois ans de ses champions, d’avoir une équipe médiocre comme cette année avec comme conséquence de vivre des saisons décevantes du point de vue des résultats. La marque AC Milan est encore très forte (une des plus importantes au niveau mondial), comme le prouve l’augmentation des sponsors, en nombre tout comme en apport économique. Mais si Berlusconi ne réagit pas, Milan perdra sa valeur et le club entrera dans une spirale infernale d’appauvrissement.
Humainement, ce n’est probablement pas facile pour Berlusconi de vendre : pour lui c’est un peu comme un signe de faiblesse de devoir demander de l’aide. Mais en tant qu’homme d’affaires qui doit savoir faire abstraction des sentiments et agir raisonnablement, vendre Milan (ou au moins une part) n’est pas un déshonneur ou pire une humiliation. Au contraire, c’est se rendre compte des difficultés, réagir et s’adapter au monde qui évolue constamment. Renoncer à la totalité des actions de Milan pourrait apporter un nouvel équilibre économique. Berlusconi resterait le président mais pourrait compter sur la liquidité nécessaire afin de maintenir au top un club qui a du vendre ses quatre meilleurs joueurs ces six dernières années pour assainir des finances, constamment dans le rouge. Milan subirait une grande révolution à tous les niveaux, que ce soit marketing avec un nouveau projet de communication, au niveau sportif avec un projet basé sur un nouvel entraineur et une équipe compétitive (et peut-être même des nouveaux dirigeants, avec Galliani qui démissionnerait)… la machine serait relancée avec l’objectif de rattraper le retard pris sur le football moderne (stade de propriété etc.).
Concrètement, l’idée de Berlusconi est de vendre 30% des parts du club pour 250M-300M d’euros (Milan est estimé à plus ou moins 800M dans sa totalité). Cette nouvelle a rapidement fait le tour du monde. Tout ce bruit médiatique a poussé Galliani à démentir (certainement en bluff) car une si grosse opération doit être mise en place dans la plus grande discrétion. Après avoir exclut la piste italienne puisque Ferrero n’a pas l’intention d’investir dans le football il reste deux pistes : l’Arabe et la Russe, par ordre de probabilité. La piste russe est moins probable mais reste vive compte tenu des contacts très serrés entre Berlusconi et Poutine. Lors du dernier voyage de Berlusconi en Russie pour l’anniversaire du président du gouvernement russe, ce dernier lui aurait présenté le magnat Oleg Deripaska, qui serait intéressé par l’achat de 20% (pour 250M) des parts et une option sur 31% supplémentaires afin de devenir à terme l’actionnaire majoritaire mais à part des démentis (tout à fait normaux), il n’y a pas de confirmation.
La piste arabe est la plus probable pour plusieurs raisons. Tout d’abord des liens déjà tissés à travers le sponsor Fly Emirates. Ensuite car la collaboration ne concernerait pas uniquement l’AC Milan mais également le stade San Siro et ses alentours ainsi que tout l’empire de communication de Fininvest, avec notamment un éventuel partenariat entre Mediaset et Al Jazeera. La famille concernée est donc la famille Al Thani, déjà propriétaire du PSG, prête à débourser 250M pour racheter les 30% de parts du club (même si parler de chiffre reste très compliqué, surtout si la collaboration va au delà du foot). Imaginer un partenariat serré entre Milan et PSG (alliance, sponsors communs etc.) n’est pas non plus de la folie. L’émir du Qatar a fondé Al Jazeera en 1996 et en a fait le plus grand groupe de télévision arabe. Il pourrait alors être tenté de renouveler l’expérience en Italie avec Mediaset (et l’aide de Berlusconi). Le but est de concurrencer Sky sur les droits TV du foot, comme BeIN Sport l’a fait avec Canal+. A noter que Al Jazeera Italia fait partie du groupe éditorial Infront, qui est également l’éditeur de Milan Channel et sponsor de l’AC Milan. Ces liens ne sont pas fruits du hasard.
Ce partenariat est ces capitaux frais permettraient de mettre en place un projet sportif de grande envergure. Berlusconi sait ce qu’il veut. Il rêve d’un nouveau grand Milan à partir de la saison 2013 – 2014, en s’attachant les services de Guardiola et en lui construisant une équipe jeune et compétitive (quelques noms récurrents : Yanga Mbiwa, N’Koulou, Strootman, Obiang, Felipe Anderson, Isco…). Les contacts avec l’entourage de l’entraineur catalan sont constants mais jusqu’à présent la réponse est toujours la même : Pep veut vivre une année sabbatique, on en reparlera plus tard mais il ne serait de toute façon tenté que par un projet ambitieux. Berlusconi sait que ce projet passe obligatoirement par la vente de parts du club, que ce soit aux Russes ou aux Arabes. Si à l’inverse la vente de parts du club ne se concrétise pas, on peut oublier Guardiola, le projet ambitieux et les investissements sur l’équipe : le futur de Milan restera englué dans la médiocrité qui caractérise le moment actuel. Alors rêve ou réalité? Qui vivra verra. En attendant, la réalité dit qu’il y a une saison à disputer…
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