«Je suis allée sur des forums »,
nous explique sa compagne. « J’ai écouté des alccoliques, des personnes
qui arrêtaient de boire et d’autres qui divorcaient par ce que leur femme leur
faisait reproches. J’ai parlé avec tous les alcoolos de France et de Navarre.
Avec les anciens buveurs qui répondent dans les associations. J’ai écoute
pleurer toutes les femmes sur « alanon » et je me suis dit que
j’étais plus intelligente, j’allais trouver comment faire. J’ai pris le
contrepied de l’alcoolique. Lui dire, par exemple, quand il est bourré sur le canapé : écoutes tu es
occupé (je me fais belle je me ponponne) je m’en vais je te laisse. Et je le laissais seul avec ses bouteilles. Puis quand il m’a dit qu’il avait
pris une maîtresse pour que je revienne au domicile conjugal j’ai repondu :
c’est une bonne idée je vais faire pareil… J’ai préparé des tas de réponses,
par exemple quand il était bourré et voulait m’insulter, je repondais :
écoute, je suis fatiguée ce soir on en reparlera demain, donc petit à petit je
lui ai fais comprendre : TU BOIS FAIS CE QUE TU VEUX JE M EN FOU... (mais
je ne l’ai jamais dit). Je l’ai laissé des mois seul avec sa bouteille et je
continuais tous les jours a téléphoner même s’il m'avait insulté la veille comme
si cela ne me faisait rien, mais que j’étais là pour lui, sans reproche, puis
il a commencé à avoir des problèmes de santé... Son père, sa mère, sa première femme sont
morts de la boisson. Je lui ai seulement demandé un jour, lorsqu’il s’achetait un
camping car : mais à quoi ça sert si tu es malade ? Sur les forums,
ils m’ont également conseillé de ne pas le féliciter lorsqu’il a décidé de
cesser de boire. De faire comme si je ne m’en étais pas aperçue, sinon à la
premiere dispute il m’aurait dit : j’ai arrêté de boire pour toi et tu m'em... Donc ne
rien dire ! Même quand il est passé de 150 kg à 100 kg et qu’il n’avait
plus de poches sous les yeux. Hier je lui ai simplement dit : tu es tout beau
dis donc ! Sans ajouter : depuis que tu ne bois plus. »