Le problčme se pose aussi en Amérique du Nord : les compagnies classiques sont attaquées par des concurrents low cost, Ťŕ rabaisť en terminologie québécoise. Et, ŕ son tour, Air Canada estime indispensable de réagir, ce qui l’a conduite ŕ imaginer une filiale ŕ bas tarifs qui prendra son envol en juin 2013.
C’est aux passagers et aux personnels de lui trouver sans tarder un nom de baptęme, les propositions étant accueillies sur le site Facebook (http://www.facebook.com/aircanada). Les récompenses proposées sont modestes, l’important étant de participer. Le démarrage se fera de maničre trčs progressive, avec quatre avions seulement, deux Airbus A319 et deux Boeing 767-300ER mais, ŕ terme, c’est une flotte dédiée d’une cinquantaine d’appareils qui sera mise en œuvre, selon des procédures classiques, si l’on ose dire, pour ce type d’exploitation. Pour l’essentiel, les avions mono-classe seront densifiés, le nombre de sičge étant accru de 20%.
Cette initiative est plus vaste et plus ambitieuse qu’il y paraît ŕ premičre vue. La nouvelle filiale s’inscrira en effet dans le cadre d’un voyagiste ŕ part entičre. Il sera dirigé par Michael Friisdahl, précédemment directeur général de Thomas Cook North America. Détail remarquable, les destinations ne seront pas exclusivement nord-américaines mais incluront aussi des points européens. Ce qui implique notamment un affrontement avec Air Transat.
Dans l’esprit d’Air Canada, il ne s’agira pas d’organiser un transfert de clientčle vers une compagnie-sœur aux structures plus légčres mais d’acquérir des parts de marché supplémentaires. La preuve étant qu’il est prévu d’engager 900 personnes pour faire fonctionner la nouvelle entité.
De ce côté-ci de l’Atlantique, on connaît peu les ailes commerciales canadiennes et, par exemple, les grandes ambitions de WestJet, ainsi que Sunwing et TUI. Dans le męme esprit, c’est ŕ peine que l’on a connaissance de la célébration, ces jours-ci, du 75e anniversaire d’Air Canada, créée en 1937 sous l’appellation Trans-Canada Air Lines. D’entrée, elle a joué un rôle de premier plan dans l’essor de l’économie canadienne, accru au fil des temps aprčs le renoncement de plusieurs concurrents. Aujourd’hui, la compagnie transporte 33 millions de passagers par an, dessert 175 destinations sur les cinq continents et exploite 168 avions. Sa flotte se compose principalement d’Airbus, mais aussi de 777, tandis qu’elle a passé commande de 787. Ses lignes régionales sont assurées par des Embraer E-190.
Air Canada, comme d’autres grands transporteurs de ce qu’il est convenu le canal historique, ŕ retrouve, une fois de plus, ŕ la croisée des chemins. Toutes proportions gardées, ses coűts d’exploitation sont trop élevés, un héritage du passé trčs encombrant. Les efforts déployés jusqu’ŕ présent pour les réduire ont été insuffisants, d’autant que c’est désormais un problčme structurel qui est posé. D’oů la décision de franchir un nouveau pas en créant une nouvelle unité.
D’autres en font autant, par exemple Lufthansa. Air Canada fait preuve d’audace, est littéralement condamnée ŕ réussir. Mais rien n’est gagné d’avance.
Pierre Sparaco - AeroMorning