J’ai enfin renoué avec les salles obscures. Vous savez ce qui me manquait le plus depuis mon arrivée à Londres? Le fromage râpé, les boulangeries et ma carte UGC. J’veux dire, quand vous êtes habitué depuis 11 ans à aller au ciné gratos (non j’exagère un peu mais ma carte illimité me faisait cet effet-là), ça vous fait mal au cul de payer votre place 17,50 euros (cet été, au cinéma Vue de Leicester Square, pour mater Ted qui est actuellement sur vos écrans, 13,50 pounds. A ce prix là vous vous payez 2 menus XL chez Burger King en face du ciné et vous en avez au moins pour votre argent)
Depuis 2 semaines, j’ai ma carte illimitée chez Cineworld. Et je revis. Y a quand même un détail qui m’a chiffonnée. Vous pouvez obtenir la carte à partir de 14,99 pounds. Pour ce tarif, les cinémas de London West End (Haymarket et Shaftesbury Avenue) ne sont pas compris. Manque de bol, ce sont ceux que je fréquente. Vous voyez, c’est comme si on vous disait: la carte UGC illimitée est à 20 euros par mois. En revanche ça ne vous donne pas accès à l’ UCG Cité Ciné des Halles, ni celui de Bercy. Sauf si vous payez 5 euros en plus tous mois. Bienvenue en Angleterre!
Venons au fait, ce week-end, j’ai complété mon top 3 des coups de coeur ciné indé de l’année: The Perks of Being a Wallflower / La Délicatesse / Take this Waltz. En un mot, The Perks of being a wallflower est un must-see absolu.
The Perks of being a wallflower est l’adaptation du roman éponyme qui a rencontré un joli succès à la fin des années 90. A ce propos, en checkant sur Amazon France, j’ai remarqué qu’il n’était pas disponible. Réédité par les Editions Sarbacane (certainement à l’occasion de la sortie du film), vous pourrez vous le procurer à partir du 21 novembre (le titre français étant Le Monde de Charlie). Si vous avez déjà lu et aimé le bouquin et craignez d’être déçu par l’adaptation ciné (1 chance sur 2 comme d’hab), rassurez vous, l’auteur du livre, Stephen Chbosky, s’est dit la même chose et a pris les devant en réalisant lui même sa création. En résulte un magnifique film, juste, émouvant et exaltant sur l’adolescence. Pendant 1h42, on grandit avec lui et le temps semble passer trop vite aussi.
The Perks of being a wallflower est à la base un roman épistolaire dans lequel Charlie raconte ses tranches de vie à un ami anonyme.
On est au début des années 90. Charlie est un freshman. Il vient d’entrer au lycée. Le wallflower du titre, c’est lui. En anglais, cette expression qualifie un individu timide ou impopulaire qui ne socialise pas et reste en retrait de tout évènement social. Charlie appréhende la rentrée. Il en chie depuis quelques temps, son vrai seul ami s’est suicidé quelques mois plus tôt. Charlie cherche sa place, son introspection passe par les lettres qu’il écrit à son ami imaginaire. Le premier jour d’école, il sympathise avec son prof d’anglais, l’excellent Paul Rudd, un adulte qui semble enfin le comprendre, à la différence de ses parents (Kate Walsh de Private Practice et Dylan McDermott). Charlie observe le monde, s’interroge: pourquoi sa soeur (Nina Dobrev de The Vampire Diaries) reste-t-elle avec ce con de Ponytail Derek, réflexion de laquelle découlera la question suivante: Why do nice people choose the wrong people to date? Chose à laquelle son prof M. Anderson répondra “We accept the love we think we deserve“. CQFD
De temps en temps Charlie se remémore ce jour où sa tante Helen est morte dans un accident de voiture quand il n’était encore qu’un gamin. Ces images le poursuivent, elle fait partie de son monde. Un monde de solitude hanté par les fantômes du passé duquel il essaie de s’échapper. Chose possible le jour où il fait la connaissance de Sam (Emma Watson) et de son demi-frère Patrick (Ezra Miller) qui l’initieront à l’amitié, l’amour, la musique, la fête. Jusqu’ici spectateur de sa vie, Charlie se laisse petit à petit emporter par cette nouvelle relation aux autres qui le sort de son inertie.
Le film bénéficie d’une distribution brillante. Emma Watson fait voler en éclat le souvenir d’Hermione et nous donne presque envie de retourner au lycée pour l’avoir comme pote. Logan Lerman m’a bouleversé de bout en bout, et arrive à nous mettre dans les basks de Charlie avec une facilité déconcertante. Gros crush pour Ezra Miller découvert dans We need to talk about Kevin et qui restera à tout jamais mon Dr. Frank-N-Furter (The Rocky Horror Show) préféré.
Ce film est un grand bol d’air frais, servi par une playlist rock n’roll qui décoiffe. Je suis sortie de là enchantée, optimiste, la voix de David Bowie scandant dans ma tête “We can be Heroes : Just for one day”. Vous allez adorer retomber en adolescence!
Si vous n’avez qu’un film à voir cette année, allez voir celui-ci.
Sortie sur les écrans français le 19 décembre 2012. Le Monde de Charlie