29 mars 2008
Le mystère Lapérouse
A
la veille de la Révolution française, les navires de
l'expédition lancée dans le Pacifique sous le
commandement de Jean-François de Galaup de Lapérouse
manquent à l'appel: ce sera le début du "mystère
Lapérouse", qui fait l'objet d'une exposition au Musée
de la Marine.
"J'arriverai en France en juin 1789",
annonçait dans sa dernière missive le commandant de la
Boussole, un vaisseau parti de Brest le 1er août 1785 avec son
jumeau l'Astrolabe pour un périple de 4 ans dans l'océan
Pacifique. Mais Lapérouse ne rejoindra jamais son port
d'attache, et ce n'est que 38 ans plus tard que le voile commencera à
se lever sur l'issue tragique du voyage.
La mission, voulue par Louis XVI pour "rechercher
de nouveaux débouchés pour le commerce français
et compléter la description de l'océan Pacifique dans
les domaines de la science, de la cartographie et de la botanique
(...) était ambitieux, peut-être trop ambitieux",
note l'un des commissaires de l'exposition, Hélène
Tromparent-de-Seynes.
A chacune de ses étapes, Lapérouse
enverra en France, par voie de terre ou sur des navires commerciaux,
son journal, des dessins, des cartes, des rapports et des lettres, ce
qui permet de suivre pas à pas son voyage jusqu'en Australie.
Deux ans après son départ, il jette l'ancre au
Kamtchatka, puis repart jusqu'aux îles Samoa, et aborde enfin à
Botany Bay, en Australie. Il navigue depuis 909 jours et, écrit-il
à un ami, "tu me prendras à mon retour pour un
vieillard de cent ans" qui a perdu ses cheveux, ses dents...
"Adieu, adieu jusqu'au mois de juin 1789", termine-t-il.
Il fallut deux ans à la France de la
Révolution pour lancer une expédition à sa
recherche, en 1791. Mais elle ne donna rien et ce n'est qu'en 1826
qu'un marin irlandais, Peter Dillon, retrouve des vestiges de
Lapérouse, sur l'île de Tikopia (îles Salomon). Il
apprend alors que les deux navires français ont fait naufrage
sur l'île voisine de Vanikoro.
Plusieurs expéditions, dont deux en 1827
montées par Dillon lui-même et par le français
Jules-Sébastien Dumont-d'Urville, ont peu à peu permis
d'expliquer les grandes phases du drame, devenu un véritable
mythe. En 2005, une étude archéologique majeure des
sites sous-marins a enfin permis de conclure que la Boussole s'était
jetée sur les récifs de Vanikoro tandis que l'Astrolabe
s'échouait dans une fausse passe. Le "mystère
Lapérouse" avait enfin livré un de ses derniers
secrets.