Addictions amoureuses et sexuelles – Laurent Karila – #afirne

Publié le 14 octobre 2012 par Allo C'Est Fini

Laurent Karila, psychiatre, auteur d’ouvrages grands publics.

Le sexe, c’est comme boire ou manger, c’est une récompense naturelle, et on en a tous besoin.

Dans le problème d’addiction sexuelle, il y a un débordement, une perte de contrôle du système, comme pour les addictions aux drogues. Il y a des similitudes, par exemple, avec la cocaïne.

L’addiction sexuelle existe depuis toujours. Elle n’a rien à voir à la perversion sexuelle ou l’agressivité sexuelle.

En France, à ce jour, il n’y a aucune donnée épidémiologique sur l’addiction sexuelle. On est obligé de se référer à des études d’autres pays.

Cette addiction touche plus les hommes que les femmes (deux hommes pour une femme en moyenne, mais 5 pour 1 dans le centre de Laurent Karila), mais il y a une progression chez les femmes.

Il existe une véritable industrie du sexe, comme l’armement ou la pharmacie: e-X business et Porn Valley. Elle se développe massivement sur Internet, une matrice du développement de ce comportement addictif.

S’agit-il d’une véritable addiction? Il y a un débat entre chercheurs, et des classifications en médecine et psychiatrie. Toute une équipe a travaillé sur la définition, qui sera désormais « trouble de l’hypersexualité » (classification DSM).

Définition clinique: je perds contrôle, perte de temps, perte d’argent, un ou plusieurs types de substrats sexuels, virtuel (internet) ou réel (sexodromes). Il y a des co-morbidités associées: maladies anxieuses, particulièrement.

Il y a toujours un événement déclenchant, une pression sexuelle, puis un passage à l’acte, suivie d’une triade: culpabilité, désespoir,  honte et résolution. On est sur un schéma neuro-biologique similaire à celui de l’addiction aux drogues. Il y a presque toujours une seconde vie, en dépit des risques de conséquences physiques ou émotionnelles, pour soi ou pour les autres.

Différentes formes cliniques, voire phénomènes mixtes: masturbation, cybersexe, pornographie, call-girls, etc.

L’évaluation clinique demande de poser des critères validés, en cours de traduction.