Titre original: Resident Evil : Apocalypse
Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Alexander Witt
Distribution : Milla Jovovich, Sienna Guillory, Oded Fehr, Thomas Kretschmann, Sandrine Holt, Mike Epps, Jared Harris…
Genre : Science-fiction/Action/Horreur/Catastrophe/Adaptation/Saga
Date de sortie : 6 octobre 2004
Le Pitch :
13 heures après le massacre dans le labo souterrain de la Ruche, Umbrella envoie une équipe de recherche rouvrir le complexe. Tandis que leurs hommes sont décimés par les monstres, le virus et les morts-vivants s’échappent. Alors que la ville de Racoon City est ravagée par les zombies, Alice, ayant survécu à l’effroyable cauchemar qui a dévasté la base ultrasecrète, se voit imprégnée de pouvoirs surhumains par le virus mortel. Avec un groupe de survivants, elle tentera de quitter la ville avant qu’elle ne soit complètement détruite par une frappe nucléaire. Mais il reste encore des énigmes à résoudre, et une force maléfique, Némésis, est lancée sur leurs traces…
La Critique :
Dans les jeux Resident Evil, la ville de Racoon City est anéantie par une frappe nucléaire. Dans le film Resident Evil: Apocalypse, la ville de Racoon City est anéantie par une frappe nucléaire. Oui, ce sont des spoilers, mais on parle de la suite pourrie d’un film pourri inspiré d’un jeu vidéo qui n’est pas pourri, alors c’est pas grave. Ce n’est que l’un des nombreux clins d’œil lourdingues que cumule Paul W.S. Anderson à travers cette suite, au grand (dé)plaisir des fans, pour essayer de justifier à la fois l’existence de son œuvre et celle de sa carrière. Parmi eux : S.T.A.R.S, Umbrella, le monstre Némésis et Jill Valentine. Si ces références-là vous passent au-dessus de la tête, pas de panique, puisque Racoon City, c’est en fait la ville de Toronto. Donc on s’en fout.
Après l’horreur (figurative, pas métaphorique) du premier opus, Paul refile la patate chaude de la suite des aventures d’Alice à Alexander Witt, directeur de photographie. Trop occupé à entacher deux franchises d’un coup avec Alien vs. Predator (Uwe Boll était débordé avec Alone in the Dark), il prend place au second plan pour continuer à griffonner le scénario. Vous voyez, Paul s’imagine être un réalisateur dans la veine de Ridley Scott ou de John McTiernan, alors qu’en fait il devrait être en train de leur chercher du café et laisser les adultes faire du cinéma.
Soyons clair. Resident Evil : Apocalypse est une bouse cinématographique. C’est une perte de temps pour le spectateur et une machine à fric pour les producteurs, un film sans intérêt, sans intelligence, et sans imagination. Il illustre magistralement l’approche cynique et irrespectueuse que prend tout ce beau monde envers le matériau d’origine et le mépris général d’Hollywood pour l’univers du jeu vidéo. Mais malgré tout ce qu’on pourrait lui rapprocher, son niveau étonnant d’incompétence atteint un tel degré que cela en est presque drôle. Ça change au moins de l’original, puisque cette fois on ne s’endort pas.
Avec ce second volet, Witt et Anderson prennent la formule classique de l’apocalypse zombie et élargissent les paramètres du récit. Cette fois, les zombies et les mutants « empruntés » de la boîte de George A. Romero envahissent toute une ville, entraînant la situation traditionnelle où la ville est mise en quarantaine, la population est décimée par l’infection et quelques survivants doivent se frayer un chemin à travers le chaos et les hordes de morts-vivants pour trouver un échappatoire avant que les autorités (ici, Umbrella) ne détruisent la ville, avec une bombe pour empêcher la propagation du virus. Logiquement, Witt pourrait profiter de la belle opportunité qui se présente à lui et s’amuser avec son nouveau terrain de jeu. Mais non, lui préfère filmer l’action d’une façon étroite et agaçante, sans aucun sens de géographie, avec une créativité limitée. Witt sait faire deux choses : faire exploser des immeubles et faire exploser des baies vitrées. Et si on est très, très sage, il fera les deux en même temps.
De son côté, Paul essaye de se cacher derrière l’enrobage du réalisateur. En bon scénariste incapable de raconter une histoire, il fait progresser ses personnages en carton de façon extrêmement linéaire du point A au point B, avec plein de gunfights ridicules en rab. Plagiats à l’ordre du jour : New York 1997 de John Carpenter, et bien sûr les deux chefs-d’œuvres de Romero, La Nuit des morts-vivants et Zombies. Les auteurs n’arrangent pas les choses en rajoutant maladroitement un proxénète black à la partie, interprété par le comédien Mike Epps. Non seulement son personnage ne sert absolument à rien et il bat le temps record en ce qui concerne le tapage sur les nerfs, mais sa vulgarité caricaturale semble venir d’un autre temps : le playboy « sa mère » lourdingue qui cause GTA et bagnoles et qui s’impose avec ses flingues bling-bling en or. Les mecs, on est au 21ème siècle. C’est même votre film qui nous le dit. Peut-être serait-il temps de grandir un peu, non ?
Deux personnages du jeu vidéo, Jill Valentine et Carlos Oliveira, font également leur apparition pour la première fois. Et si visuellement c’est assez fidèle, ils sont vite réduits au statut de sidekicks inutiles. C’est encore Alice qui prend le volant, réincarnée en super-héroïne qui dézingue du zombie, et Milla Jovovich arrive tant bien que mal à convaincre en tueuse badass. Elle reste toujours l’aspect le plus intéressant de ce bordel risible, même si elle doit encore se réveiller toute nue au début de chaque film.
Il va de soit qu’il n’y a rien dans ce nouveau Resident Evil qui puisse faire peur, si ce n’est les effets-spéciaux et les dialogues lamentables. Les zombies sont écartés pour insister davantage sur le fait que Umbrella (dont les intentions de se faire de la thune avec un virus qui tue tout le monde restent inexplicables) ce sont des méchants. Merci les gars, on n’avait pas pigé la première fois ! Le film est donc beaucoup plus centralisé autour de l’action, et bizarrement, dans ce domaine-là, c’est finalement pas si mal. Némésis, le gros monstre en caoutchouc qui ressemble à la version ratée de The Toxic Avenger, injecte un souffle d’esthétique de série B bien senti au métrage et même si ses affrontements « boss fight » contre Alice tournent vite au ridicule, c’est marrant à regarder.
De même pour les scènes d’action et les combats d’arts-martiaux, qui sont complètement à la ramasse et empestent le kitsch. Dans une séquence à hurler de rire et qui, bien entendu, défie toutes les lois de la physique, Alice arrive à la rescousse de ses amis en fonçant à travers le vitrail d’une église avec sa moto. Vous voulez savoir comment elle auvait pu savoir ce qui se trouvait derrière la fenêtre, et comment calculer les distances de sa cascade ? Tant pis, c’est jamais expliqué. Quand on est dans un nanar aussi incohérent que celui-là, faut parfois laisser tomber ce genre de questions, même si c’est toujours frustrant de voir les personnages faire presque exprès de ne pas viser la tête quand ils tirent sur des zombies.
Et c’est justement ça qui rend l’expérience regardable, voir même fascinante. Resident Evil : Apocalypse est tellement con qu’il en devient drôle. Le moins que l’on puisse dire c’est que sa nullité est constante, chose qu’on ne peut pas affirmer au sujet de l’ennui affligeant du premier opus. C’est du je-m’en-foutisme pur et dur, mais le film lui-même semble le savoir.
Se pourrait-il que la saga Resident Evil s’améliore ? L’hypothèse est possible. En attendant, moi, j’aimerais savoir si Paul pourrait justifier la chose suivante : pourquoi Jill Valentine (qui est censée être flic) part volontairement à la chasse au zombie vêtue uniquement d’un bustier moulant et d’une mini-jupe?
@ Daniel Rawnsley
Crédits photos : Metropolitan FilmExport