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La quête de l’extrême et la société de consommation

Publié le 13 octobre 2012 par L

Dans une entrevue accordée à Bazzo.tv, l’écrivain Jean-Jacques Pelletier, auteur de La Fabrique de l’extrême, explique comment à son avis la quête de l’extrême est fondamentale dans la société de consommation. Voici le résumé du livre sur la page Archambault:

Les Taupes frénétiques posaient le constat de la multiplication des phénomènes de montée aux extrêmes, tant dans le domaine du spectacle que de la vie quotidienne. Partout il faut capter l’attention, éclipser la concurrence. Il faut se démarquer. L’existence est à ce prix. Il faut se faire remarquer. Parmi des millions d’autres qui veulent se faire remarquer. Le simple fait d’exister, de se produire comme individu, devient un exercice de plus en plus extrême, dans un milieu qui lui-même l’est de plus en plus, marqué par le foisonnement des processus d’escalade, des dispositifs de prolifération et des pratiques de transgression. L’omniprésence de l’extrême, qui apparaît partout comme normale, ce livre en poursuit la mise au jour dans les processus, les structures et les modes d’organisation de la société. Par leur effet structurant, ces activités, qui sont marquées au coin de ce qu’on pourrait appeler l’extrême ordinaire, constituent en quelque sorte la Fabrique de l’extrême.

Notons par ailleurs que le metteur en scène René Richard Cyr réponds à l’entrevue en mentionnant l’équilibre de vie suggéré par le texte La Soupe aux poirots de Marguerite Duras.

Je pense pour ma part qu’il existe un type de dépendance qui est nommé la dépendance au risque et qui peut expliquer le besoin fondamental de certains individus à chercher le risque. Puis, comme le disait Varda Étienne en entrevue aux Franc-Tireurs, je crois que nous vivons dans une société de consommation qui correspond symboliquement à l’état maniaque du trouble bipolaire en ce sens qu’elle favorise l’excès et la dépense sans compter. Il existe chez l’espèce humaine ces deux vulnérabilités (dépendance au risque et état maniaque) et les spécialistes du marketing ont connaissance de l’impact de la publicité pour réveiller des comportements socialement interdits. À la lumière des succès commerciaux et populaires en lien avec l’extrême (sports extrêmes, télé-réalités extrêmes…), je pense qu’en effet l’attrait pour l’extrême correspond aux désirs de nombreux consommateurs, en particulier chez ces adolescents pour qui défier la mort correspond à un rituel initiatique. À cela, j’ajouterais qu’il existe aussi, bien entendu, de nombreux consommateurs qui ne se laissent pas tenter par le risque et qui sont en accord de la simple satisfaction de leurs besoins, ce qui me fait croire que la quête de l’extrême s’approche davantage d’une manière spéculative de pousser les gens à consommer tandis que la satisfaction des besoins s’approcherait davantage d’une méthode d’investissement. Ainsi, l’attrait à l’extrême est davantage accepté dans une culture permettant une économie spéculative. En ce sens, les entreprises misant uniquement sur l’attrait pour le risque serait dans une position de faiblesse sur le long terme puisque leur entreprise ne se baserait que sur de la spéculation. Conclusion: l’extrême est vendeur sur le court terme, mais pas nécessairement rentable sur le long terme.

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