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Profitant d’un séjour parisien, j’ai visité, il y a quelques jours, le Salon de l’Automobile (aujourd’hui on dit « le Mondial… »). J’ai conscience qu’en ces temps d’ « automobilophobie » et de licenciements, cette visite n’est pas vraiment politiquement correcte.
Circonstance aggravante (ou atténuante ?) : je ne suis pas un vrai amateur de voitures. Pendant longtemps, c’est sans passion excessive que j’achetais des Renault avec pour objectif d’avoir un véhicule capable de me trimbaler tout au long de l’année civile et d’assurer de longs raids à travers l’Europe l’été arrivant. Il fallut attendre mon improbable histoire d’amour avec une Rover (voir, sur ce blog, Latin rover), pour que je mette un peu d’affect dans tout cela. Mais, dans l’ensemble, je suis plutôt un automobiliste tiède peu sensible aux vrombissements des moteurs et aux galbes des carrosseries.
Pourtant, une fois de plus (la quatrième, si je ne m’abuse), il a suffi que je pénètre dans l’enceinte du Palais des expositions de la Porte de Versailles pour que je me sente à la fois nostalgique et joyeux. C’est qu’instantanément, j’ai retrouvé le monde de mon enfance. Celui où on regardait régulièrement les reportages quasi quotidiens en noir et blanc de feu l’ORTF. Où, en famille, on choisissait avec délectation la prochaine voiture : la Dauphine jaune avec son toit noir, la P60 bleu ciel avec sa calandre carnassière, l’impressionnante Opel Record et son compteur tricolore (vert-orange-rouge). Où, dans le journal Tintin, j’admirais les merveilleux dessins de Jidehem et les aventures de Michel Vaillant.
Le salon était un lieu exotique et sophistiqué presque inaccessible. Un lieu que je me promettais d’investir quand je serais plus grand.
Maintenant, je suis grand, et, sous l’œil faussement sévère de ma coéquipière, je zigzague avec une certaine frénésie entre les décors de rêve et les carrosseries rutilantes, les concepts cars et les collections vintage. Et je suis heureux, tout simplement heureux.