Radiohead à Bercy j’ai failli ne jamais y aller. Il n’y avait déjà plus de places depuis belles lurettes, j’avais été trop longue à me décider à y aller. Bercy? Trop grand, trop de monde, trop cher. Le stock était épuisé, de partout je pouvais lire « SOLD OUT ». Je m’étais donc résignée : je n’irai pas. Et puis, fin septembre je passe par hasard, sans raison sur le site du POPB. Miracle, des places ont été remises en vente. Un petit stock, un signe du destin. Sans réfléchir donc je prends une place, trois jours après je reçois mon sésame chez moi : This is true…there’re angels…euh non c’est pas le propos. Chez moi, je fais des bons de dix mètres de haut, avec mon billet entre le main je hurle à qui veut bien m’écouter que je vais enfin les voir : eux Radiohead, lui, Thom Yorke. Pour de vrai. Je compte les jours, me repasse les albums en boucle, guette le moindre report sur la toile des précédents concerts. Beaucoup sont dithyrambiques. Surtout du côté des Anglais. Chez les Français c’est nuancé… Tiens donc… Les Inrocks iront jusqu’à faire un report pré-concert, une première dans l’histoire du journalisme. Inrocks, cher ami, tu t’es trompé. Thom Yorke et sa bande ont été parfaits. Tous. Selway, Greenwood. Tous. Radiohead en concert c’est 2h15 de shows et trois rappels. Deux heures durant lesquels mon esprit joue aux montagnes russes émotionnelles, et mon corps entier rentre dans une sorte d’étrange transe. Voyant Thom Yorke gesticuler tel un épileptique, tu te mets à danser comme lui…Et tu te demandes, entre deux convulsions, comment un petit être chétif comme lui peut chanter (parfaitement bien) et bouger partout. Mystère.
Pendant ce show, on s’en prend plein les oreilles et plein les yeux. A souligner la beauté de la scénographie : des écrans qui dansent littéralement tous seulse lumières, des jeux d des projections habillent la scène, et nous permettre de voir des détails : le visage de Thom, les baguettes d’un des batteurs, les mains de Colin Greenwood.
La setlist ? Parlons-en un peu. Évidemment, elle ne fera jamais d’heureux. Comment satisfaire les fans du tout début, ceux de Pablo Honey ? Ceux qui ont découvert avec Roméo+Juliette ? Ceux qui n’écoutent que les grandes radios et qui ne connaissent que Creep et No Surprises ? Radiohead c’est vingt ans de carrière, et pour chacun soit heureux, il faudrait près de 5 heures de concerts. Pour ma part, j’ai trouvé la set-list intelligemment construite, et finalement assez équilibré. King of Limbs est évidemment joué dans son intégralité, c’est d’ailleurs avec Lotus Flower que le concert s’ouvre. On passe ainsi d’un album à l’autre, on navigue entre les styles et le groupe s’amuse allègrement avec nos émotions. Ascenseur émotionnel. Des frissons nous parcourent le dos lorsque Thom interprète le sublime Nude, on sent les larmes monter sur Street Spirit (Fade Out), on est comme possédé par on ne sait quel esprit avec There, There ou Staircase. On sent comme une pointe de nostalgie comme on entend les première note de Paranoid Android, ou d’Airbag. En général, le dernier album de Radiohead a plutôt été mal accueilli par les fans, pourtant c’est de cet album qu’est issue la plus belle chanson de tout le concert : Give Up The Ghost. Pour ce titre, ils ne sont que deux sur la scène. Une guitare sèche, une guitare électrique. Des boucles, la voix de Thom, Bercy plongé dans une lumière bleue et les larmes qui montent instinctivement. La gorge est serrée, même pas de mots pour décrire le moment. Un instant suspendu, le temps s’arrête, et on voudrait que ce titre, ce putain de titre ne finisse jamais.
Des mauvaises langues diront que c’était froid, voire chiant (que disent-ils de Woodkid ces gens-là ?). J’ai trouvé ça magique. Sans doute suis-je trop groupie, et j’assume sans honte. Oui, c’est un, voire mon groupe préféré. Sans doute n’ai-je rien compris à la musique, ce qui est sans doute vrai. Je sais juste que je marche à l’émotion. Et ce soir-là, ce jeudi 11 octobre, Radiohead m’a juste fait planer. Ils m’ont fait pleurer, bader, sourire, ils m’ont transporté, ils m’ont émerveillé, ils m’ont foutu une grosse claque dans la gueule. J’ai beau cherché, aujourd’hui il n’y a pas de meilleur chanteur que Thom Yorke, il n’y a pas un groupe qui arrive à la cheville de ces Anglais-là. Radiohead à Bercy : Dieu Merci, oui j’y étais.
Crédit photo : fakeplastictunes.com