La saison des Goncourts bat son plein. Bientôt le verdict. Et comme vous savez que je ne m'intéresse absolument pas à cette actualité mais que la chance m'a permis de prédire une ou deux fois le prochain succès, certains parmi vous risquaient de s'étonner de mon silence. Or donc, à défaut de vous présenter le prochain élu de cette vaste opération médiatique, voici un (voire deux) livre(s) qui mériteraient d'être récompensés (et qui ne le seront probablement pas).
1/ 14 est un petit livre, écrit par Jean Echenoz et paru aux Éditions de Minuit. Il parle de cinq copains qui partent, un jour de 14, à la guerre. Une femme est laissée derrière, deux seulement rentrerons.
2/ Toute la qualité des éditions de Minuit et de leurs auteurs est là : quel plaisir de prendre un livre "cousu" et non collé : si, ça existe encore. Le travail artisanal s'observe tout au long de l'écriture, très soignée sans être snob ou pontifiante ou madrée ou recherchée. Des mots et des tournures simples, mais très bien agencés, accompagnant un rythme assez enlevé qui entraîne le lecteur à poursuivre et tourner, encore, la page : signe le plus évident que le bouquin est bon, quand jamais vous ne renâclez à poursuivre mais qu'au contraire, à mesure que vous lisez, vous apercevez le terme approcher.
3/ A ce 14, nous donnons évidemment 18, signe de sa grande qualité. Et pourtant, il n'aura pas le Goncourt, pour trois raisons : parce que le Goncourt ne se donne pas (sauf exception) aux éditions de minuit ; que l'an dernier, c'est déjà un livre de guerre qui a été primé et qu'il faut varier ses effets ; qu'enfin, tout simplement, il n'est pas dans la dernière sélection du Goncourt.
4/ C'est donc l'occasion de parler d'un autre roman, qui a suscité mon intérêt (je ne l'ai pas lu ni acquis), "La théorie de l'information" d'Aurélien Bellanger, qui compte l'histoire d'un geek devenu homme d'affaire : bref, l'émergence sociale du cyber dans toutes ses dimensions. Lui non plus n'est pas dans la sélection Goncourt.
5/ Du coup, j'ai parcouru celle-ci. Le Sermon sur la chute de Rome, chez Actes sud, me semble un bon candidat, et l'odeur du succès flotte autour de lui. "L'enfant grec", promenade littéraire au Luxembourg suscite mon intérêt. Mais c'est "La peste et le choléra", de Patrick Deville, qui attirera le plus les amateurs de géopolitique (le mot est prononcé dans l'article mis en lien), histoire qui se passe dans une Indochine tumultueuse où il est beaucoup question d'explorateurs.
Bonne lecture : je suis preneur de fiches de lecture des dits romans, par ceux qui les auraient lus...
O. Kempf