Fitch tient compte du soutien des États dans sa notation des banques !
Par Thibault Doidy de Kerguelen.
Surprise, Fitch a maintenu les notes de douze grandes banques mondiales, qualifiant les perspectives pour le secteur de «stables». Il s’agit de Bank of America, Citigroup, Goldman Sachs, JPMorgan Chase et Morgan Stanley aux États-Unis, ainsi que de BNP Paribas, Deutsche Bank, Royal Bank of Scotland, UBS, Crédit Suisse et Société Générale en Europe. HSBC s’ajoutera à cette liste dans deux mois.
Alors, allez-vous dire pourquoi faire un article si tout va bien ? Si Fitch maintient sa notation sur les banques, c’est que le secteur financier est sorti de la phase de turbulences, non ? En fait, la lecture détaillée du rapport de Fitch révèle un raisonnement qui laisse un petit peu pantois. En effet, outre la note attribuée concernant la «viabilité» de l’émetteur, qui reflète la qualité de sa solvabilité intrinsèque, l’agence tient compte d’un autre critère appelé «support rating floor».
Le «support rating floor», c’est l’évaluation, totalement subjective, que se fait Fitch de la probabilité qu’un de ces établissements bancaires, s’il venait à être en difficulté, reçoive un «soutien extraordinaire de l’État». Autrement dit, plus la puissance publique est prête à voler au secours d’une grande banque en difficulté (avec l’argent des contribuables), moins la banque en question est considérée comme dangereuse. Donc, meilleure est sa note, meilleure est sa solvabilité, plus grandes sont ses marges de manœuvre et, du coup, plus grand est le risque de la voir s’engager dans des opérations douteuses.
Le «support rating floor», c’est la consécration du principe « à moi les gains, à vous les pertes ». Du coup, nous arrivons à cette aberration de sept instituts d’importance systémique sur treize examinés par l’agence qui, ayant une note de «support rating floor» supérieure à leur note de solvabilité intrinsèque, se retrouvent en A ou A+ avec perspective stable.
La garantie des États est donc bien la pire chose qui puisse être, puisqu’elle entraîne l’effet pervers du sentiment d’impunité qui précède toujours les catastrophes. Les lecteurs de MVMA ne s’y trompent pas qui, à notre sondage en cours actuellement sont 51% à estimer que les banques sont des entreprises privées qui n’ont qu’à faire faillite sans que les pouvoirs publics ne les sauvent !
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