Six semaines, peut-être sept, que la gazette de Ban Pangkhan n'avait pas dévoilé les dessous de la vie " trépidante " du village et de ses habitants ! La grande nouvelle est tout d'abord que cette année, il n'y a pas eu d'inondations*, la mousson, plutôt douce, n'ayant pas noyé les rues du village...D'ailleurs entre nous, la mousson est définitivement terminée ; bien-sur quelques bribes de pluies torrentielles s'abattent et vont encore sévir, du à la saison des typhons qui défilent entre la mer de Chine et le golfe de Siam ; Il y a quelques jours, Geami de son nom, a permis aux médias de se défouler et d'abreuver les journaux télévisés et les unes des quotidiens du pays, promettant un déluge, qui pour finir, ce typhon déclassé en dépression tropicale ne fut qu'une grosse pluie avec un bon vent, autant dire, comme le disait mon grand-père : " Un pet de nonnes et une pluie digne d'une Marie pisse trois gouttes ! ". Enfin cela aura eu le mérite de faire parler et de faire couler beaucoup d'encre pour rien !
J e viens donc de le dire, la mousson est terminée, les vents ont tourné, le matin, la fraîcheur est de mise avec des petits 23 degrés, même si les températures sont redevenues plutôt étouffantes dans la journée, on supporte tout même alors pas loin de 35 degrés ; le taux d'humidité a considérablement dégringolé, il est désormais passé de plus de 90% à moins de 50% ! Ouf, on respire, chaudement certes, mais bientôt arrivera le début de la saison froide, en décembre, ce qui permettra de nous plaindre des températures " exotico-polaires ", parce que ne l'oublions pas, le français reste râleur et malgré mes années de Baan, les gènes sont là, ah ah !
*Pour en terminer avec la météo, avant de continuer à papoter de " la vraie vie ", le spectre des inondations de l'année dernière a sorti la tête de l'eau, juste une journée, où après 48 heures de pluies diluviennes, la rue s'était remplie, débordant sur les bords mais comme par enchantement, 24 heures auront suffit pour qu'elle se vide, parce que cette année serait une année sans débordement, les cieux en avaient donc, tout simplement, décidé ainsi !
Puisque le ciel a donc décidé de nous laisser tranquille, peinard, durant cette mousson, revenons en à " la vie d'un village d'ISAN " ! Si l'on considère l'état civile du village, il n'y eut aucune funérailles durant les dernières semaines, une étrange coïncidence, personne n'a donc décidé de quitter son apparence terrestre, lorsque l'on sait que durant le Phensa (carême bouddhique qui dure trois mois lunaires et qui s'achèvera cette année le 30 du mois), deux célébrations ont lieu pour honorer nos morts...Une occasion de leur rendre hommage, une occasion de tester la cohésion de la communauté ; la première offrande ( " boun khao padap din ") a lieu en plein milieu du Phensa (le 14 septembre, cette année) où en pleine nuit, l'on va déposer prés des stèles ou urnes de personnes décédées, de quoi leur redonner de la bonne humeur : cigarettes, lao, bougies, bétel et khanom (petites sucreries), mais surtout pour apaiser les esprits de ces mêmes morts qui auraient tendances à vouloir revenir prendre une apparence terrestre ! " Phis ma lèo ", (" les esprits arrivent ") ! Deux semaines plus tard (le 29 septembre), on remît le couvert, accompagnés des moines ce coup-ci. Au petit matin, au temple, on célébrera le " Boun khao sak " ! Vous allez me dire : " Pas de photos ! ", mais il est incongru de capturer des images, des fois que l'on mettrait dans la boite la représentation d'un esprit ! Non mais ! Si vous le désirez, revenez sur un de mes anciens articles, "Debout les morts ! " où je décris en détails cette cérémonie !
Il n'y eut aucun mariage non plus, ce n'est pas la saison et si les naissances s'égrainent, la petit voisine d'en face, " Hi Coï " que certains connaissent, ils se reconnaîtront, a mis au monde un petit couillu... Mac, la nièce qui après avoir eu le petit Pao, attend, malgré des relations très compliquées avec son mari après seulement deux ans de mariage, séparations avec frasques, retrouvailles...etcétérra, aura la chance de donner une petit frère ou une petite sœur à Pao ; délivrance prévu pour Songkran !
Si les enfants naissent, ils grandissent et Tangmoo, même s'il est plutôt du genre petit, ne déroge pas à la règle, il ne manquerait plus que ça d'ailleurs, il avance dans sa septième année (" pétin, ça passe vite ! "). Il a perdu sa première dent, et je veux dire que l'histoire de la souris courre toujours, pas de soucis ; cela aurait été triste de le lui priver, puisqu'il ne croit pas au père Noël, enfin il n'en a pas eu l'occasion, laissons le attendre le passage de la petite souris pour la chute de sa deuxième dent, rappelons que la souris est un " animal " qui est familier par ici, alors...
Les enfants grandissent donc et ce n'est donc pas vraiment un scoop ! Je parlais un petit peu plus haut de la jeune voisine, " Hi Coï ", qui est donc désormais devenue mère, elle a un frère qui a finit de grandir depuis longtemps, quoique quelques neurones supplémentaires ne lui auraient pas fait de mal à celui-là ; il revient régulièrement de la capitale où il travaille ; toujours très tôt le matin, il débarque d'un minibus, un des fameux " rot too " porte à porte qui font la liaison Village-Capitale, et toujours très tôt le matin, il emmène avec lui victuailles et boissons alcoolisés, alors le groupement des voisins (Puan Baan) de " Si Yek Pak Maa " se rassemblent. J'en fais parti, en effet, sur ce croisement sied notre humble demeure. On pourra y convier quelques connaissances éloignées, pas plus de deux rues tout de même ; eh ! Faut pas exagérer ! Nous nous rassemblons et ripaillons aux aurores ! Je participe, certes, mais il est terminé le temps où je m'impliquais fortement, c'est-à-dire où je taillais grave dans la bouteille, allègrement, même dès l'aube, était-ce un désir d'intégration ? Je dirai plutôt un refus de désintégration ! Enfin, le désir de vivre un peu plus longtemps m'a traversé l'esprit afin d'en empêcher certains de " se sentir seul " et d'autres de faire ce qui bon leur semblerait, j'ai donc mis la pédale douce sans pour autant ne pas m'intégrer, bientôt treize ans de village et ce n'est que le commencement ! Pour en revenir à nos canards, je suis donc là, par politesse, parce que cela se fait au village d'accueillir l'exilé, d'écouter ce qu'il a à dire, même si de retrouvailles en retrouvailles, ce qu'il raconte aurait plutôt tendance à s'assimiler à un copier/coller...Connaissant le déroulement de la matinée, je ris et leur dit volontiers que tout cela va finir en pugilat, que la mère et le fils vont vraisemblablement se fritter, tellement ils sont heureux de se retrouver, " guru-devin-farang " parle et tous rigolent ! Certains, en plus de rire très fort, tapent puissamment à répétition du plat de la main sur le grand promontoire fait de bambou (l'alcool désinhibe quoique certains le font à jeun, alors ? Tombés tout petit dans la potion ?), ces tables-sièges tapissent les dessous des maisons traditionnelles sur pilotis, vous en verrez partout en ISAN de ces sortes de grandes tables basses où l'on y mange, boit et pratiquons la sieste ou tout simplement attendons que le temps passe ! Dans un même temps, puisque nous sommes toujours à la réaction de ce que je viens de dire, ils lâchent très haut, cris et onomatopées, sachant que j'ai raison ; eux, " les pures laines ", ils ne se seraient pas permis de le dire sans que ce soit interprété de travers ; ma stature de Farang-Isan me le permettant, sachant que de toute manière, je m'en octroie le droit de le faire depuis que je fais parti de la bande des Puan Baan de Si yek pak maa ! (pour savoir ce que cela veut dire, je vous laisse revenir sur cet article : "Le Tamboun à SI YEK PAAK MAA " ). Je lâchais donc : " Alors Yaille Boey (la mère), avant 4 heures cet après-midi, tu prévois la bagarre avec ton fiston adoré ? " ! Cris, rires, tintamarre, regards croisés entre la mère et le fils, tape affectueuse mais appuyée entre la mère et le fils...Et puis le temps passe, le groupe s'effiloche, " la fatigue ", il fait chaud, il est presque 14 heures, tout est calme, on entendrait un papillon battre des ailes puis des fenêtres de ma maison, j'entends alors, de grands cris, des sons de vaisselles que l'on brise, des invectives, tout le monde sort de sa torpeur végétative et apparait dans la rue et inévitablement, la mère et son fils se la mettent ; enfin beaucoup de bruits, beaucoup de vent sans vraiment de coups portés quoique la mère...Enfin, jamais le fils du moins ! J'avais encore raison ! Ça se passe comme ça à Pangkhan, heureusement pas tous les jours, et pas à chaque fois que le fiston revient, mais...Vers 18 heures en préparant le repas du soir, souvent un bon Tom Kaï Baan (poule au pot ISAN) ou (et) un bon Lap Phèt (hachis de canard aux épices), tous se recentrent vers les bambous de la voisine, on prend les mêmes et on recommence, le fils et la mère, réconciliés depuis belle lurette, cuisinent de concert, comme si de rien était, ils se poilent en me voyant, en me disant que j'avais raison, et on remet le couvert ; tous se bidonnent, et si le mari de Yaille Boey, Pougny Sou (le père du fils) décide de ne pas trop être " prise de tête ", nous pourrons espérer, après la dislocation nocturne du groupe, de profiter d'une nuit plutôt calme !
Dans la gazette de Ban Pangkhan, cette petite anecdote intime terminée, dans la série, " on monte au village ", la sœur aînée de Oy est venue nous rendre visite, enfin est venue voir sa maison, elle touche la notre (terrain de famille oblige), sa maison est plutôt en mauvais état, c'est le moins que l'on puisse dire, mais en ISAN, souvent les maisons sont ainsi, ils n'ont pas tendances à entretenir, ils laissent plutôt décrépir pour ensuite raser et tout reconstruire ! La plupart des gens de l'ISAN sont comme ça et ne pensez pas que cela ne se passe que chez les gens humbles, les plus riches, même " éduqués " ont la furieuse manie de fonctionner ainsi ! On rafistole tant bien que mal et puis à la veille de l'écroulement, on décide de refaire du neuf ! Demain est un autre jour ! Donc Toy, la sœur la plus proche de Ma Dame, est venue accompagnée de son nouvel ami, elle vécut plus de vingt ans avec Son, un taximan de Bangkok, originaire de Nongkhaï, puis ils se marièrent civilement et divorcèrent aussi vite qu'ils décidèrent de s'unir...Toy, libre d'esprit et de mouvement , est désormais en ménage avec un farang ! Je rêve ! Je le savais que cela allait arriver, partie " en chasse " depuis deux ans, je savais qu'elle allait alors ramener son farang au village, exhiber son trophée, prouver que sa campagne de pêche au farang (tok farang) fut fructueuse ; qu'elle lui montrerait le délabrement de sa maison et moi je savais que ce farang ne pourrait supporter de rester dans ce taudis et que j'allais me le coltiner chez moi ! Eh bien, cela n'a pas loupé, mais je savais aussi, que rester au village ce n'est pas facile, alors il s'avéra qu'il ne resta que trois jours (bien assez pour lui) et qu'il fut bien sympa, du moins beaucoup plus qu'à l'idée que je m'en faisais...Comme quoi, les à priori...mais je ferais un article sur mon nouveau beau-frère, puisqu'au moment où vous me lirez, je serai parti près de chez lui, au bord de la mer, parti pour les vacances avec la famille ! Ayant donc fait le plein de village, je le reconduisais à Roi Et, il voulait visiter, y rester un moment et après lui avoir proposer un hôtel plutôt sympa avec piscine, il opta pour un hôtel-motel (le genre, j'y passe trois heures vite fait), en plein centre de la ville, au bord du lac, la nuit pour 300 baths, juste derrière l'office de mon dentiste où je remarquais que désormais, on ne disait plus " my tailor is rich " mais " my dentist is rich " ! Porsche Cayenne, mon n'veu !
Durant cette période de fin de mousson, nous fîmes donc une excursion du coté de Sisaket dont voici l'article que j'écrivis : " Du coté de Sisaket, ISAN, Thaïlande ; au travers des routes secondaires. " , cela me permit de concrétiser une amitié virtuelle en amitiés réelles avec Alain et sa famille...Serge, autre blogueur, passa nous rendre visite en compagnie de ses filles et sa femme, parti de Chiang Maï, faisant le tour de l'ISAN, il rejoignait Bangkok, une belle rencontre qui nous permit de partager un bon repas " bien farang ". D'ailleurs les rencontres inter farang entraînent toujours de bons gueuletons, comme avec Alain (un autre et autre blogueur d'ailleurs aussi) revenu de France où il me convia chez lui près de Kalasin pour partager des mets fins juste débarqués de mon pays d'origine ! On notera le retour de Hans, mon ami et voisin de Sélaphum, francophiles, parlant le français (ça fait du bien des fois de parler sa langue natale avec une autre personne que le fiston, Tangmoo), revenus de sa Suisse Bernoise natale où chaque année il y passe une bonne partie de l'été ! Il est désormais parmi nous pour quelques mois, en attendant le retour de Greg et le moins évidant retour de mon ami Dario, empêtré, sans le sou, dans son Italie en crise ! Courage Dario, si tu me lis ! (il est aussi adepte de la francophonie et est aussi francophile...). Je vous épargnerai les détails de tous les repas que nous avons partagés pour que vous puissiez continuer à avoir de la compassion pour moi et mon éloignement des produits du terroir français et italiens ! Ah Ah ! À propos de gueuletons, rappelons cet article écrit dernièrement très en phase avec le gastronomie : " Top Chef ! ISAN & Farang délices ! " .
Pour conclure cette gazette, si le temple est en plein aménagement, mais ce n'est pas fini, alors nous en reparlerons plus tard, au 19 MOO 4, chez nous, nous en avons profité de rajouter un haut vent à l'entrée de notre demeure, depuis le temps que je le disais, eh bien tout arrive, même en ISAN...Désormais, le soleil de fin de journée ne pénétrera plus jusqu'au milieu du salon et lors des pluies de mousson, poussées par les vents du sud, nous pourrons restés assis devant la maison sans être totalement détrempés ! Oy y a alors rajouter pour que nos éléphants ne se sentent pas seuls, deux vasques où de petits poissons nageront tranquillement autour de jolies fleurs de lotus !
À l'école aussi, ils y sont allés de leur petits aménagements, grâce à l'argent glané par notre moine des Amériques, une nouvelle cantine qui fait aussi office de hall des fêtes et représentations fut inaugurée et bien-sur bénit par les moines du temple ! L'ancienne cantine, près de la rivière, fut totalement désagrégée lors des inondations de l'année dernière, il était donc temps que " notre tonton d'Amérique "...
...sponsorise ce nouvelle édifice. Ce fut donc au lendemain de la sortie scolaire à laquelle je prenais part dont à la suite de celle-ci j'écrivais cet article : " Une excursion scolaire sous haute fréquence " , que bénédiction fut donnée ; ainsi la fête pouvait continuer à l'école de Ban Pangkhan, fête où tout le village était invité à participer !
Et puis des petits présentoirs de photos présentant les activités des écoliers !
Le village fut aussi sous tension lors la campagne électorale de deux des trois Pou Yaï Baan du village et du chef du sous-district de Na Ngam, elle s'éternisa cinq semaines tout de même et j'écrivais cet article : " Élection sous haute tension au tambon de Na Ngam ! " . Je vous promettais de vous donner les résultats, eh bien, le vainqueur est : BEU NUNG ! (entre nous le plus sympa, ça tombe bien, non ?).
Il est donc temps que l'on se quitte, Ban Pangkhan va bien, comme vous venez de le constater et comme je le disais plus haut, nous partons à Hua Hin, au bord de la mer parce que c'est les vacances en Thaïlande, une petite dizaine de jours ! J'aurais vraisemblablement l'occasion de revenir au village avec encore plein d'histoires à raconter...En parlant de raconter des histoires, j'écrivais aussi un article où je présentais des livres liés à la Thaïlande : " Et si on parlait bouquins (2)! " , puis un autre article où je présentais la suite de " Un os dans le riz " , une autre enquête de l'inspecteur Prik, l'inspecteur des rizières : " En attendant " Un os dans le riz ", voulez-vous " Du poison dans le Mékong " ? " .
Paille Kheundheu ! PS : Traditionnellement, lors de cette descente vers la mer, j'en profitai pour passer à Bangkok, certes pour quelques achats mais surtout pour y faire traduire quelques documents officiels puis les faire certifier par l'ambassade France, documents obligatoires afin d'obtenir la prolongation de une année de mon visa thaïlandais, pour rester avec ma famille en ISAN ! De deux jours de taxi et d'attentes plus ou moins longues au sein de la cité des anges, j'ai réglé le problème, peut-être certains le savaient et fonctionnaient de cette façon, mais pour ceux qui ne le savent pas, j'ai utilisé les services du centre de traduction, The Corner, siégeant près de l'ambassade de France et même si celle-ci s'est déplacée momentanément pour cause de travaux, The Corner a fait le travail. Le mardi, j'ai envoyé avec EMS les documents à traduire et à certifier, le vendredi, ils m'étaient retournés en main propre, délivrés par mon facteur, après avoir créditer le compte de The Corner, de la somme de 1300 baths par virement ATM...Efficacité et sobriété, puisque l'année dernière je payais pour traduire et certifier par mes propres moyens 1120 baths, sans compter le déplacement dans BKK (deux fois 200 baths minimum suivant le trafic multiplié par deux jours), les " accessoires & dégâts collatéraux " (ça dépend de l'appétit & des boutiques croisées ! ) et le temps d'attente qui n'est pas quantifiable !
Voici comment contacter cette agence de traduction :
THE CORNER 31 Charoen Krung Soi 36 Bang Rak, Bangkok 10500 (rez de chaussée de l'hôtel Swan)