A une époque où nos gouvernements manquent cruellement de capitaux, il convient de revoir notre système fiscal. On comprend que les temps ont changé et qu’on ne peut plus fonctionner longtemps à crédit. La crise fiscale est à nos portes. Comme le titrait avec justesse David Descoteaux, la chasse aux riches est commencée. Soit. Mais comme dans toutes bonnes parties de chasse, il faut bien cerner le gibier. Qu’est-ce qu’on cherche au juste? Politiquement, on veut montrer l’exemple. Mais dans la vraie vie, si on pistonne à l’aveuglette avec un fusil de calibre .12 (comme tentait de le faire notre jeune ministre malhabile) on recevra tous du plomb dans les jarrets.
A mes yeux, il y a plusieurs catégories de riches.
- -Les grandes institutions financières
- -Les moyennes et grandes corporations multinationales
- -Les fiducies familiales et les ultra-riches
- -Les entrepreneurs
- -Les hauts salariés
- -Les héritiers
- -Les bénéficiaires de prestations déterminées (rentes à vie)
TOUS peuvent en faire plus. Mais, il faudra davantage que des intentions et des ajustements fiscaux. Nous aurons besoin de nouvelles lois, de nouvelles conventions fiscales internationales et de nouvelles conventions collectives. Je suis estomaqué par le manque d’imagination de nos décideurs. On s’attaque toujours et seulement à la classe moyenne et aux riches des points 4 et 5. A croire que les autres sont des intouchables. Dans un récent reportage de l’émission Enquête, c’est avec stupéfaction qu’on a constaté que des multinationales admirées comme le Cirque du Soleil, Google, Apple …et toutes nos grandes banques peuvent aisément réduire leurs impôts à l’échelon des plus pauvres. Pour s’attaquer à la question de la grande évasion fiscale et des entourloupettes de transferts des bénéfices vers les paradis fiscaux, ça prendrait une volonté politique. Elle viendra, quand nous serons suffisamment écœurés. Pour l’instant donc, le soleil brille toujours pour les riches des niches 1,2 et 3.
Les grandes questions financières ont le méritent de faire ressortir des idées nouvelles et des pistes de solutions qu’on n’osait jamais aborder. Je salue la proposition conjointe de Michel Nadeau et d’Yvan Allaire de taxer à 100% les opérations et transactions spéculatives. Si cette bonne idée voit le jour, j’espère qu’elle sera appliquée comme une taxe universelle inévitable. Les activités spéculatives sur devises, indices boursiers, denrées et taux d’intérêt perdraient de leurs charmes. Les grandes fortunes et banques d’affaires en subiraient immédiatement les effets.
La richesse taboue
Par rapport aux Européens, nous avons la fâcheuse habitude d’identifier un «riche» en fonction de ses revenus. Pourtant, l’actif net est bien plus révélateur. Nombreux sont les biens nantis dont les revenus réguliers n’apparaissent pas aux yeux du fisc. Ils retirent leur vieux gagné comme étant du retour de capital (non imposable) et laissent le gain en capital s’enfler avec le temps. Quelques pays progressistes ont mis fin au stratagème en établissant une taxe sur la richesse. C’est-à-dire en forçant une déclaration de la valeur marchande annuelle des biens et des investissements. Ainsi les héritiers et grands actionnaires passent eux aussi à la caisse. Ça semble équitable.
En ouvrant les discussions sur la valeur des «actifs bruts», on va s’apercevoir que les bénéficiaires de fonds de pension de l’état, des municipalités et des organismes parapublics sont dans une classe à part. Même une pension de 28 000$/ annuellement, GARANTI à vie et transférable à 60% peut avoir la valeur du demi-million de dollars en REER. Si on regarde du côté des cadres de la fonction publique, ça dépasse facilement 1,2 million $.
Pourquoi traiter ces privilégiés au même niveau que les travailleurs autonomes ou salariés qui doivent amasser eux-mêmes leurs petits REER? Combien d’entre nous sont suffisamment riches pour affirmer: «Jusqu’à la fin de mes jours, je peux compter sur un revenu protégé contre TOUTES les crises économiques, krachs boursiers et catastrophes naturelles»? Reconnaissons que ça correspond à une sacrée fortune. Les fonds de pensions craquent de partout mais, ce n'est pas grave, la classe moyenne va renflouer cette caste. Baisses de services, hausses de frais, des taxes et impôts… Bref, de vielles recettes toujours efficaces.
Il m’apparaît clair que sur la base des actifs, les rentiers à vie sont AUSSI dans la catégorie des riches intouchables. A défaut de s'attaquer à la réforme des retraites à prestations déterminées, quelques points d’impôts supplémentaires en fonction de la valeur actuarielle des fonds de pension seraient certainement équitables. Qu’en dites-vous?
Tous les arguments et commentaires respectueux seront publiés. Mais de grâce, gardez vos « J'ai travaillé fort toute ma vie… On l'a négocié cette pension, Je l'a mérite… » TOUT l'monde travaille fort. Trouvez autre chose. L'heure n'est plus aux excuses et faux-fuyants. On a besoin de solutions.
Posté avec Blogsy