Le Saint-Père a reçu en début d’après-midi les Evêques pères concilaires venus à Rome, et les Présidents des Conférences épiscopales participant au Synode. Ayant été expert au concile Vatican II, Benoît XVI a évoqué les nombreux souvenirs de cette période vivace et féconde :
« Sans m’étendre, je voudrais reprendre certains points de mon homélie d’hier en citant le mot que Jean XXII avait lancé comme une sorte de programme pour les travaux conciliaires, l’aggiornamento. Cinquante ans après l’ouverture du Concile, certains se demandent si la formule n’aurait pas d’emblée été malheureuse. On pourrait discuter des heures durant et n’aboutir qu’à des opinions discordantes. Je suis convaincu que l’intuition du Pape Jean exprimée par ce mot était et demeure exacte. Le christianisme n’est pas une chose du passé, vécue en regardant en arrière, puisque le Christ est d’hier, d’aujourd’hui et pour l’éternité. Il est marqué de la présence de l’Eternel, de Dieu entré dans le temps et présent à tout moment, le temps découlant de sa puissance créatrice, de son éternel aujourd’hui.
C’est pourquoi le christianisme est toujours neuf. Il ne faut pas l’envisager comme un arbre pleinement développé à partir de la graine évangélique, qui aurait produit tous ses fruits et serait devenu vieux, au crépuscule de son énergie vitale. Le christianisme est un arbre… perpétuellement jeune. Cette actualité, cet aggiornamento, ne signifie pas une rupture de la tradition, mais une vitalité continue. Aggiornamento ne veut pas dire réduire la foi, la plier à l’air du temps, au bon plaisir de l’opinion. Tout au contraire. Et comme le firent les pères concilaires, il nous faut porter notre aujourd’hui dans le temps de Dieu ».
« Le Concile fut un moment de grâce durant lequel l’Esprit nous a montré que l’Eglise cheminant de siècle en siècle doit toujours parler à l’homme. Ceci ne peut se faire que par la force de qui a de profondes racines en Dieu, par qui se laisse guider par Dieu et vit sa foi dans la pureté, non par qui s’adapte à l’instant ou choisit le chemin le plus commode.
C’était clair au Concile, dont la constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium » insistait sur l’appel à la sainteté, « qui présente le visage véritable de l’Eglise… Si la mémoire du passé est précieuse, elle n’est pas une fin en soi. L’Année de la foi « nous invite à reprendre le chemin du Concile, à nous concentrer sur son message, qui est celui de la foi dans le Christ, Sauveur unique du monde… Aujourd’hui encore il est essentiel de transmettre l’amour de Dieu à tout homme, en tout lieu et de tout temps ».
Après cette audience, le Saint-Père a partagé un repas avec tous les participants à l’assemblée synodale en cours, auquel ont été invités le Patriarche oeucuménique, le Primat anglican et les pères conciliaires venus à Rome et les présidents des conférences épiscopales.