Ainsi Soient-Ils // Saison 1. Episodes 1 et 2. Pilote / Episode Deux.
J'ai donc enfin pu découvrir les deux premiers épisodes de Ainsi Soient-Ils, nouvelle production d'Arte, au termes d'un interminable tunnel de promotion. Je suis maintenant du genre à me méfier
des séries qui font beaucoup trop de promotions. On a déjà eu la déconvenue Clash (France 2) plus tôt cette année, mais on a pu aussi avoir la bonne surprise Borgia (Canal +). La presse était
dithyrambique au sujet d'Ainsi Soient-Ils, du coup je me lançais dans quelque chose que j'étais presque sûr d'aimer. Sauf que (car il y a toujours un mais) je ne suis pas un passionné de
religion. Je dirais même que c'est souvent quelque chose qui me donne envie de fuir. Après avoir vu le premier épisode d'Ainsi Soient-Ils, je me suis surpris à voir que la série n'est jamais
critique ni même apologiste. Elle ne donne pas spécialement une image réjouissante de la religion mais n'en fait pas non plus une critique. On peut donc ranger les fourches, peu importe dans quel
camp nous sommes. Car c'était un risque, de plonger soit d'un côté soit d'un autre. La série est donc moderne et nous plonge avec efficacité dans cet univers parfois touchant mais aussi
passionnant.
Septembre 2011, Paris. Cinq jeunes candidats à la prêtrise sont sur le point de changer radicalement de vie. En entrant au Séminaire des Capucins, ils vont apprendre à suivre la voie de Dieu
et devenir ses ministres. D’où viennent-ils ? Quelles expériences de joie, de douleurs ont-ils vécu ? Autant de questions qui hantent le Père Fromenger, directeur légendaire du Séminaire, et son
dévoué bras droit, le Père Bosco, lorsqu'ils accueillent José, Raphaël, Yann, Guillaume et Emmanuel dans leur nouveau monde.
En partageant leurs espérances, leurs doutes, leurs épreuves quotidiennes, nous découvrons un monde fascinant, mystérieux, l’Eglise, qui nous mènera jusqu’au Vatican et ses coulisses
politiques. Une plongée haletante dans un univers secret.
J'ai
lu ce matin un article d'un militant chrétien disant qu'Ainsi Soient-Ils était une élucubration de clichés plus faux les uns que les autres. Etrangement, du peu que j'ai pu voir d'une église et
de la religion pour ma culture personnelle (aussi bien au cinéma que dans la vraie vie), je n'ai pas trouvé qu'il y avait quelque cliché que ce soit. La série raconte son histoire avec un ton
assez différent de celui que l'on pouvait attendre de sa part. Elle est intelligente la série mais aussi fait en sorte d'être intelligible. Car c'est le souci de pas mal de séries de nos jours de
tout faire pour se faire mousser par la critique mais derrière, le téléspectateur ne comprend même pas quelle lecture en faire. Je ne demandais pas d'Ainsi Soient-Ils d'être une sorte de
documentaire sur les séminaristes, loin de là. Mais plutôt de nous offrir une sorte de visage d'un monde caché. Car on ne voit pas souvent ce genre de personnages en télévision (aussi bien dans
des émissions qu'en fictions). Cette non vocation à documentaire devait donc déjà rassurer les évêques qui auraient demander un boycotte pur et simple de Ainsi Soient-Ils.
Plus récemment cet été, France 2 avait tenté elle aussi de parler de religion dans une série qui s'appelait Inquisitio (qui aura droit à une seconde saison, à la surprise générale). Celle ci
était nourrie de quelques clichés et de quelques mauvaises choses. Mais pour le moment, ce qui ressort d'Ainsi Soient-Ils chez moi ce sont des dialogues. Il y a quelque chose de très soigné là
bas dedans. Je pense que le dialogue que j'ai vraiment retenu de ces deux épisodes c'et le monologue de Jose del Sarte dans le second épisode. Il parle du moment où il a rencontré Dieu la
première fois, alors qu'il venait de tuer quelqu'un. C'était un moment captivant mais aussi touchant à la fois. En restant simpliste, Ainsi Soient-Ils touche et parvient à raconter ce qu'elle
veut; De plus, on peut saluer la vraie synergie d'équipe qu'il y a encore les séminaristes (même s'ils ne sont pas toujours solidaires comme le démontre la scène où Raphael se fait battre par une
jeune femme et qu'Emmanuel ne va même pas venir à son aide - autre qu'en prières -).
Etrangement, je trouve que pour une série à teneur religieuse, on ne parle pas beaucoup de religion. Mis à part les monologues d'interviews que l'on peut avoir dans chaque épisode, ce sont
les seuls moment où l'on parle réellement de la foi de chacun. Autrement on parle beaucoup plus des fondements du travail des séminaristes, de leurs relations entre eux (il y a une certaine
amitié qui se crée rapidement entre eux ce qui est appréciable) et avec leur famille comme par exemple entre Guillaume et sa mère qui veut laisser sa fille de 17 ans seule pour partir faire un
voyage en Inde. Par ailleurs, Ainsi Soient-Ils nous parle aussi de personnage plus ecclésiastiques comme le père Fromenger par exemple (incarné par un Jean Luc Bideau convaincant). Il ne va pas
se faire des amis dans le premier épisode et Monseigneur Roman est toujours là pour lui mettre des battons dans les roues en demandant tout simplement à Rome de le désaisir dans le second
épisode.
Finalement, Ainsi Soient-Ils est une très bonne et belle surprise. En jouant sur la simplicité de sa mise en scène (un peu à l'instar des chambres de séminaristes, très rudimentaires) nous sommes
dans un environnement particulièrement bien maitrisé, malgré quelques moments parfois un peu trop léger. Mais la cohérence est là et chacun trouve sa place. Les intrigues sont pimentées et
efficace, sans compter sur le côté assez audacieux de la série qu'est de nous parler d'un sujet complexe et surtout pas très branché. Mais on peut dire que cela a payé puisque le lancement s'est
effectué devant plus de 1.5 millions de téléspectateurs, soit un record pour le lancement d'une fiction sur la chaine (c'était facile, elle n'a pas lancé énormément de séries non plus). Mais ces
hommes de foi sont déjà en passe de devenir les héros de l'une des meilleures fictions françaises de l'année (si ce n'est pas déjà la meilleure).
Note : 8/10 et 8.5/10. En bref, petit à petit l'univers se construit et parvient à montrer toutes ses forces. Je suis déjà converti.