Si la nouvelle de l'attribution du prix Nobel de la paix à l'Union Européenne se confirmait, que faudrait-il en penser ? Réaction à chaud en 4 réflexions.
Une nouvelle assez étonnante semble émerger via une chaine de télévision norvégienne, selon laquelle le lauréat 2012 du prix Nobel de la paix serait rien moins que l'Union Européenne.
Si elle se vérifie, qu'en penser. En quoi l'UE le mérite-t-elle ?
Voici quatre réflexions à la lumière desquelles analyser cette information :
- Si l'UE n'est pas un État, malgré les rêves de certains, c'est tout de même une des plus grosses et influentes entités politiques de la planète. Si on donne ce prix à l'UE, alors pourquoi pas à l'Inde, à la Chine, à la communauté des États Indépendants (ex-URSS), ou aux États-Unis d'Amérique ? Accorder un prix à quelque chose d'aussi vaste, complexe et multiple, semble en soi un concept bien creux.
- On imagine qu'une raison d'une telle attribution pourrait être les bientôt 70 années de paix presque complète, venant après 80 années de guerres répétées et particulièrement meurtrières, que connait le "continent" européen. C'est d'ailleurs là la principale raison d'être donnée par l'UE pour justifier son existence elle-même. Mais est-ce vrai ? En réalité, la paix depuis 1945 a beaucoup plus à voir avec deux facteurs tout à fait différents : en premier lieu, la guerre froide, et la présence résiduelle militaire américaine sur le territoire européen, qui se prolonge à ce jour, et en deuxième lieu, la présence -- qui plus est gigantesque -- d'armes nucléaires sur le continent, qui rendent la responsabilité du déclenchement d'une guerre, incomparablement plus lourde. Certes, l'UE s'attribue le mérite de la paix en Europe, mais un examen rapide montre qu'elle n'y est pas pour grand chose.
- Une question qui peut, par ailleurs, tarauder, est : l'UE est-elle en train de pacifier les relations entre les pays en Europe ? La chaleur de l'accueil reçu par la reine de Prusse Angela Merkel, lors de sa visite de cette semaine en la très philosophe ville d'Athènes, où des milliers de policiers ont été nécessaires, et ont dû se dépenser pour retenir tous les débordements de joie, devrait soulever des questions à ce sujet. Forcer des gens qui ne se sentent pas, en leur for intérieur, une destinée et une appartenance commune, à qui mendier et qui payer de force l'un vers l'autre, est-elle une si infaillible recette pour la paix ? Et la réponse à tout choc par toujours plus de fuite en avant dans l'intégration forcée fait-elle monter dans les cœurs des sentiments réellement si paisibles ?
À n'en point douter, si cette nouvelle se confirme, bien d'autres réflexions viendront à l'esprit de très grandes multitudes de personnes. Disons qu'on peut douter, qu'à la fin de l'agitation, ce fameux prix, qui pourtant en aurait largement besoin, s'en trouve revalorisé.