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Dans la région qui correspond approximativement à l'ancien duché d'Aquitaine, se trouvent une série de monuments atypiques, pour la plupart construits aux XIIème-XIIIème siècles, que l'on appelle habituellement "lanternes des morts".
Il s'agit de petits édifices effilés, maçonnés, construits dans des cimetières du Moyen-âge. Beaucoup sont très étroits, mais certains reposent sur une chapelle funéraire plus large, comme ici la Tour Saint Bernard de Sarlat, en Périgord, édifiée dans le cimetière monacal du XIIème siècle, dans les environs de la cathédrale Saint-Sacerdos. L'élévation de ces édifices présente toujours des ouvertures, en général trois. Dans la tradition, on allumait chaque soir une lampe que l'on hissait, à l'intérieur, au sommet de l'édifice ; les ouvertures permettaient à la lumière de filtrer au dehors. Cette lanterne monumentale avait pour objet d'offrir de la lumière aux morts, pour les aider à se guider pendant la nuit. Une bien curieuse pratique, dont on ne connaît pas bien l'origine. Il existe des parallèles, notamment en Irlande ; plus tard, la pratique se trouve aussi dans certains pays de l'Est. Vieil héritage de l'Europe celtique, qui aurait survécu, pour une raison inconnue, chez les peuples du centre-ouest de la Gaule comme en Irlande ? Tradition diffusée en Irlande et en Aquitaine au moment de la domination anglo-normande (XI-XIIème siècles) ? Traditions indépendantes ?
Il est difficile de trancher, mais dans tous les cas, notre vieille Gaule recèle encore bien des mystères et ne laisse pas de surprendre celui qui prend la peine de s'y intéresser.
La tour funéraire de Kilmacduagh (Irlande), début du VIIème siècle. Une lointaine parente de la tour de Sarlat.