[Critique] TOUS LES ESPOIRS SONT PERMIS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Hope Springs

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : David Frankel
Distribution : Meryl Streep, Tommy Lee Jones, Steve Carell, Jean Smart, Daniel Flaherty, Ben Rappaport, Marin Ireland, Elisabeth Shue…
Genre : Comédie/Romance
Date de sortie : 10 octobre 2012

Le Pitch :
Mariés depuis 31 ans, Kay et Arnold sont englués dans une routine qui met à rude épreuve leur couple. Une situation difficile en particulier pour Kay, qui décide de faire appel à un thérapeute spécialisé pour tenter de ranimer la flamme de son mariage. Réticent, Arnold accepte à contre-cœur d’accompagner son épouse à Hope Spring, une petite bourgade du Maine, afin d’y suivre le programme du Docteur Feld. La thérapie ne sera pas de tout repos…

La Critique :
Le réalisateur David Frankel est arrivé au cinéma, avec Le Diable s’habille en Prada. À savoir un film culte, au demeurant plutôt bon, mais probablement un poil surestimé. Auparavant, Frankel s’était fait les griffes à la télévision où il a officié sur les plateaux de séries comme Entourage, Frères d’Armes ou Sex and the City. Ensuite, profitant du succès du Diable s’habille en Prada, Frankel a réalisé Marley & Moi, une formidable petite comédie dramatique, très émouvante et très juste.
2012 aura vu deux longs-métrages de Frankel atterrir dans les salles : The Big Year, avec Steve Martin et Jack Black et Tous les espoirs sont permis. Ce dernier, qui organise les retrouvailles du réalisateur avec Meryl Streep, à l’affiche avec Anne Hathaway, du premier métrage de Frankel.

Frankel et Streep se connaissent et se font confiance. C’est probablement pour cela que les choses donnent l’impression de couler de source entre l’actrice et son metteur en scène. Tommy Lee Jones aussi est très naturel. Le couple qu’il forme avec l’actrice mainte fois oscarisée semble alors tout à fait authentique. Que ce soit en début d’intrigue, quand la routine morne guide leur quotidien, où bien quand la passion tente de percer à travers les nuages. C’est appréciable. Cela suffit-il à rendre Tous les espoirs sont permis franchement intéressant ? Malheureusement non.

Meryl Streep et Tommy Lee Jones ont beau faire de l’excellent boulot, rien ne peut empêcher le script de rouler -à l’instar de son couple vedette- sur une voie de garage. Un constat visible dès la moitié du film, lorsque la thérapie prend son rythme de croisière avec sa valse des réconciliations-brouilles-réconciliations-brouilles… Le but du jeu est certainement de nous faire mariner quant au devenir du mariage des deux protagonistes, mais la mayonaise ne prend pas vraiment. Le premier dommage collatéral de la manœuvre étant l’ennuie, qui s’installe inexorablement.
On se raccroche alors bel et bien aux comédiens. Aux deux comédiens vedettes précisément, car les autres ne jouissent pas de rôles suffisamment épais pour retenir l’attention. En particulier Steve Carell, dont la prestation se résume à débiter son texte calmement, l’air bienveillant, assis sur son fauteuil. Il faut attendre le générique de fin pour le voir esquisser un léger pas de danse…
Sa présence résulte clairement d’un désir d’ajouter une star un peu plus « jeune » au casting. Histoire d’accrocher la nouvelle génération peut-être. Idem pour Elisabeth Shue, qui joue une tenancière de bar culottée et qui n’a droit qu’à deux répliques. Étrange quand on y pense.

Réflexion plutôt pertinente et bien sentie sur l’usure qui s’installe au fil des années entre une femme et son mari, Tous les espoirs sont permis ne manque pas non plus d’audace. Mais David Frankel est maladroit. Il tente, comme quand Meryl Streep entreprend une gâterie au cinéma. Oui, il tente, mais donne l’impression de ne pas savoir pas quel bout aborder la chose. Son film reste très sage. Trop sage pour être drôle. Amusant certainement, mais pas drôle. Là encore, il faut aller chercher du côté des acteurs pour trouver un minimum de piment.
C’est d’autant plus regrettable que le film apparaît comme sincère dans sa démarche. Entre d’autres mains, peut-être que cette réflexion sur l’érosion des sentiments -où on aborde très largement la question du sexe chez les seniors- aurait probablement eu plus de gueule. Même l’affiche manque d’originalité et de saveur.

Pourtant, il serait exagéré de parler de naufrage. Foncièrement sympathique, Tous les espoirs sont permis donne envie d’être aimé. Comme son titre français l’indique, il suscite moult espoirs. Dommage que beaucoup d’entre eux débouchent sur de petites déceptions.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Metropolitan FilmExport