Découverte des nouveaux locaux du CREDAC d’Ivry-sur-Seine (94). Auparavant en sous-sol d’un immeuble Renaudie, aujourd’hui au troisième étage d’un bâtiment de la Manufacture des Œillets. Et une exposition, L’homme de Vitruve, qui évoque la mesure de l’homme.
Mesure au regard des bâtiments qu’il a construits, mesure au regard de son travail. Le lieu s’y prête bien. Une manufacture, lieu de production ouvrière, ateliers, du travail manuel à la mécanisation. Des films en témoignent, mais, devant ces images, je ne suis pas face à une entreprise sociologique. Les gestes, répétés, appellent le respect. Dans la fabrique d’allumettes (film de Mircea Cantor), on déroule un tronc d’arbres en une feuille qui va être finement découpée, bâtonnets serrés les uns contre les autres (je ne sais pourquoi je pense au travail d’apiculteurs). Plus loin, la fabrique de briques en Afrique où travaille toute la société (les femmes y viennent avec les enfants), le four pour les cuire, et, en parallèle, une autre fabrique, européenne, sans homme, ou presque. Des films de Harun Farocki. Le travail à la chaîne est repris dans une autre salle par des enfants jouant à la fabrication de plats individuels, la réalisatrice, Bertille Bak, prenant un malin plaisir à faire passer le cycliste livreur sous une enseigne Mc Donalds, fixée sur une maison des corons de Barlin peut-être. Des objets nous attendaient dans la première salle, objets de grève (photos de Jean-Luc Moulène), travail de grévistes, depuis la pipe sculptée de trois 8 jusqu’aux produits vendus au profit des luttes en cours (Lip et d’autres). Histoire de la classe ouvrière, traces de civilisation, quelques livres aussi, parmi lesquels L’Etabli, de Robert Linhart, et Sortie d’Usine, de François Bon. C’est, d’ailleurs, la Sortie d’Usine des Frères Lumière qui nous accueille, une fois franchie la porte du CREDAC.
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