Aux Armes citoyens !, le pamphlet de Paul Lycurgues défend l'idée de nous réapproprier la question sécuritaire directement sans passer par l’établissement d’un État policier.
Par Frédéric Mas.
Aux armes !
Dans un pays où le problème semble confisqué par des professionnels de la parole creuse et subventionnée, l’essai de Paul Lycurgues Aux armes citoyens ! Plaidoyer pour l’autodéfense apparaît comme une bouffée d’air frais. Sans prétendre clore le débat sur la criminalité, le pamphlet défend une idée qui peut paraître neuve aux oreilles de nos concitoyens, à savoir l’urgence de nous réapproprier la question sécuritaire directement sans passer par l’établissement d’un État policier ou le pourrissement anarchique de la situation :
Aux armes… suggère une troisième voie, la seule selon l’auteur à pouvoir juguler cette insécurité endémique et à prévenir l’émergence d’une véritable dictature de l’ordre. Cette troisième voie est celle de l’autodéfense, et de la responsabilité du peuple français : ce dernier doit exercer son droit, et assumer son devoir de peuple libre, à reconquérir les armes qui lui ont été dérobées, et à restaurer en France un ordre naturel fondé sur le respect que se doivent des citoyens libres et armés. (p. 9).
En France ? Et puis quoi encore ?
Le message serait presque anodin s’il était adressé à nos voisins suisses ou à nos presque voisins nord-américains. Mais en France ? Le droit de porter une arme paraît incongru, voire totalement irresponsable. Comme par enchantement, à écouter nos édiles qui décidément s’occupent de nous comme autant de tuteurs bienveillants, ce qui se fait ailleurs se transforme nécessairement en instrument de guerre civile sous nos latitudes. C’est folie que d’envisager des citoyens français armés et même, à entendre certains, contraire au génie propre de notre pays, qui n’a jamais connu une telle situation.
Paul Lycurgues examine et répond patiemment à toutes ces objections courantes, observant ainsi que le port d’arme fut le corollaire révolutionnaire au droit de résistance contre l’oppression gagné en 1789, droit qui n’est remis en cause que dans les années 30, sous l’influence d’un décret loi inspiré par Pierre Laval. Cette règlementation inaugurera la législation répressive en matière d’autodéfense que nous connaissons aujourd’hui.
Lycurgues rappelle ensuite que la corrélation souvent invoquée entre possession d’arme et criminalité ne repose sur aucune base scientifique, et que les divers arguments pacifistes pour réclamer le désarmement des populations civiles ne tiennent pas, sauf à travestir la réalité pour la rendre plus belle qu’elle n’est.
Dans un style argumentatif concis, volontiers provocateur, Paul Lycurgues réussit en une trentaine de pages à décentrer l’éternel débat entre droite et gauche sur la sécurité vers la question de la responsabilité individuelle. Qu’on soit sceptique ou convaincu, son pamphlet a le mérite d’emprunter la voie étroite qui est celle du libéralisme politique le plus conséquent.
- Paul Lycurgues, Aux Armes citoyens ! Plaidoyer pour l’autodéfense, Paris, éditions Mordicus, 30 pages, 4,95 euros.