Méditations contemporaines - partie I (by Cécile)

Publié le 09 octobre 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof


Vue depuis Benesse Beach sur l'île de Naoshima / Photo: CR

J'ai, récemment, eu la formidable opportunité d'aller au Japon pour le travail, cela a été une expérience incroyable. Ma tâche une fois finie, je suis restée une semaine de plus afin de visiter ce pays que je je souhaitais découvrir depuis de nombreuses années. Cependant, il a fallu faire des choix : il y avait tellement peu de temps et tant de choses à découvrir. J'ai donc opté pour l'île de Naoshima entre autres choses. J'ai passé une petite journée à découvrir cette île sur laquelle on peut trouver de l'art contemporain dans de nombreux lieux. Je suis arrivée un peu par hasard (les joies et bonnes surprises des voyages) à bon port donc dans le port de Honmura où j'allais dormir. Là, j'ai commencé par chercher ma chambre et, pour ce faire, j'ai accosté une vieille dame qui n'a rien compris à ce que je lui ai demandé mais m'a pris par le bras (promis !) et m'a emmené au stand d'information : en un mot, adorable ! Là, j'ai pu trouver l'emplacement de ma chambre, les billets pour voir les installations artistiques visibles à Honmura ainsi qu'un vélo pour me balader sur le reste de l'île : cet après-midi à Naoshima s'annonçait dès lors très bon !


Kadoya de Tatsuo Miyajima, 1998 / Photo: CR

À Honmura, il y a l'Art House Project : quatre maisons typiques japonaises, un temple et un autre lieu ont été investis par des artistes qui y ont mis en place des installations artistiquess.


Go'o Shrine, Hiroshi Sugimoto, 2002 / Photo: CR

C'est le cas avec Go'o Shrine, un temple en plein air a été réhabilité par le photographe japonais Hiroshi Sugimoto en 2002 : les marches d'escalier qui s'élèvent du sous-sol vers la surface et le temple ont été remplacées par des blocs en verre optique. Cet endroit est à la fois étrange et paisible, il s'agit d'un lieu quelque peu surréaliste, il s'en dégage une impression de quelque chose de pur et de divin qui invite au silence, au recueillement et à la méditation.


Go'o Shrine, Hiroshi Sugimoto, 2002 / Photo: CR

Comme les japonais présents, j'ai jeté une pièce et fait une prière : ce n'est pas parce que ce temple a été transformé par un artiste contemporain qu'il perd son but premier. Au contraire, il le retrouve, les visiteurs se promènent et le cherchent afin de le visiter.


Ishibashi, Hiroshi Senju, 2006 / Source: internet

Dans les maisons, l'une d'elles, m'a particulièrement plu : il s'agit de la maison Ishibashi où l'artiste japonais Hiroshi Senju a réalisé de grandes peintures murales. Dans l'une des salles, le sol recouvert de tatamis, les portes sont peints : un paysage de forêt y apparaît progressivement dans un jeu de nuances de gris et, dans une autre pièce des chutes d'eau peintes qui se reflètent sur un sol laqué noir, beau tout simplement. Ces œuvres invitent à la contemplation : si on le souhaite, on peut rester et observer. En outre, comme souvent dans les habitations japonaises, quand on entre, on enlève ses chaussures, comment ne pas se sentir invités à rester ?


Minamidera, James Turrell dans une architecture de Tadao Ando, 1999 / Photo: CR

Un autre lieu est à visiter sur ce port est celui consacré à James Turrell dans une architecture de Tadao Ando (l'architecte officiel de l'île en quelque sorte). Comme on avait déjà pu vous le dire là, les œuvres de James Turrell s'expérimentent avant toute chose : ici, on est immergé dans une pièce plongée dans le noir le plus complet. Il faut alors attendre entre 5 et 10 minutes que notre vue se familiarise à cette opacité et que l'on voie enfin ce que l'on était sensés voir... Le noir se transforme progressivement, une couleur apparaît dans un rectangle au fond de la pièce, magique... Je me rends compte que, dit comme cela, il est peut-être difficile de comprendre ou même voir l'intérêt de cela : comment un tableau de lumière jaillit d'un environnement sombre peut-il être magique ? Je crois, sincèrement, que si vous avez l'occasion d'expérimenter une œuvre de Turrell (et ce n'est pas nécessaire d'aller au Japon pour cela), n'hésitez pas : toutes les personnes que j'ai vues sortir de cet endroit avaient un sourire épanoui et content sur le visage, sous le charme tout simplement. James Turrell est un artiste dont le matériau de base est la lumière qu'elle soit artificielle ou naturelle : il joue avec elle et se joue de nos perceptions en des invitations à observer son environnement et, pour une fois, prendre le temps. Combien de personnes passent moins d'une minute devant une œuvre quand ils visitent une exposition ? La plupart en fait. On ne prend pas le temps de voir, d'observer, on vit à cent à l'heure de telle façon à oublier qu'il est important de s'accorder des moments de paix, de repos et d'attention, à soi et à ce qui nous entoure. Turrell nous propose de faire cela et c'est bien...

La suite de cette visite dans quelques jours...