Que dire qui puisse paraitre à la hauteur de ce que j'ai ressenti après le visionnage de cette oeuvre ? Ce film
documentaire (1h30 tout de même) est absolument.... exceptionnel, ni plus ni moins. Que vous connaissiez ou non Petrucciani, son oeuvre ou son nom, il y a fort à parier qu'après
avoir vu ce très bel hommage de Michael Radford pour ce petit homme pétri de talent et de musique, vous aussi succombiez à son charme imparable. Plus qu'une simple biographie en
image et en son de ce pianiste d'exception à la vie courte mais bien remplie, il est surtout le testament posthume rendu par un homme devenu fan par la force des choses pour un artiste fou de
musique, en perpétuelle ébullition créatif, capable du haut de ses 1m02 de faire sonner un Steinway comme personne; une destiné humaine magnifique pour cet homme qui savait parler à l'oreille des
pianos.Jusqu'ici j'écoutais sa musique sans savoir précisément quel avait été son parcours, et surtout combien il fut difficile
pour lui de s'élever à ce point parmi les tous meilleurs musiciens du 20e siècle, malgré la maladie et les nombreuses souffrances qu'elle lui imposait. Depuis sa naissance jusqu'à sa mort 36 ans
plus tard, rien ne lui a échappé. Tout petit il réagissait comme une éponge dès qu'il s'agissait de musique, et plus particulièrement de jazz, au point d'être capable de fredonner à son père les
chorus de Duke Ellington, Bud Powell ou Bill Evans, alors qu'il n'avait que 3 ans (l'année de son premier contact avec le piano). A 7 ans il joue déjà très bien, essentiellement du classique. A 9
ans il se met au blues et commence à boeuffer avec les petit groupes locaux ou en famille, tout cela en plus de l'apprentissage quotidien et rigoureux que lui inculque son père. A 13 ans il joue
déjà comme un professionnel, mais dans une relative confidentialité, et seulement dans les environs ; du fait de sa maladie il ne sort jamais de chez lui et reste extrêmement fragile au moindre
choc. C'est encore un musicien local plutôt qu'une véritable révélation "identifiée", mais tout changera bien vite. Clarke Terry, alors de passage à Montélimart pour y jouer,
s'apprête à annuler son show. Son pianiste est malade et le concert n'aura pas lieu. Mais Michel est présent dans la salle, et quelqu'un d'averti se propose pour le faire monter afin qu'il assure
la réplique (un signe du destin). Comme toujours lorsqu'il se présentait à vous pour la première fois, ce fut d'abord le choc pour la star américaine. Comment un gosse, qui plus est "diminué" et
incapable de se déplacer seul allait-il s'en sortir. La magie fera le reste, et la révélation fut à la hauteur.Clarke Terry laisse passer 3 minutes de mélopées infantiles, comme pour tâter le terrain, puis il laisse
à son jeune complice le soin d'entamer un blues sur une longue intro qui mettra tout le monde d'accord. Vous devinez la suite... Ce fut sa première expérience auprès de l'une de ses idoles. Les
Etats-Unis suivront. Son histoire allait désormais pouvoir s'écrire.TeaserEn plus de la qualité de ses "moments choisis" spécifiquement musicaux, le DVD fourmille d'anecdotes croustillantes
rapportées par les proches de Michel Petrucciani, famille, femmes ou musiciens. Tous les sujets sont abordés, sans voyeurisme ni compassion (qu'il détestait), depuis ses premiers
pas d'enfant fragile couvé par une mère aimante, jusqu'à ses écarts de conduites lors d'escapades en mauvaise compagnie dans les rues de New york, un point de vu porté avant tout sur l'humain
même si l'oeuvre reste incontournable : son jeu, les inspirations, la drôlerie, la technique, la virtuosité, l'audace, le charme, le talent, la main droite et la main gauche, les femmes, la
séduction, la santé, la sexualité, les amis, la famille, les excès, les plaisirs, le partage ... la vie, simplement. Tout dans ce film "fonctionne" parfaitement, au point de l'avoir déjà vu 4
fois en peu de temps.Je vous le redis, amateurs de jazz ou non, vous pouvez y aller les yeux fermés, et après ça vous me donnerez raison. Un
peu de tendresse dans un monde de brutes, ça fait du bien. Alors faites tourner, et surtout achetez-le...AmazonJe vous laisse également disposer de cette vidéo qui n'est pas extraite du film mais qui, comme tous les documents
traitant de l'oeuvre et du "personnage" Michel Petrucciani, est un témoignage savoureux qui devrait vous donner envie de vous procurer le film (certains extraits de ce document
de 38 minutes en font d'ailleurs partie). J'ai simplement trouvé que le "teaser" n'était pas suffisamment long pour illustrer cet article. A bon entendeur, place au spectacle.