Jean Racine est un auteur que nous connaissons bien. Nous avons tous étudié Phèdre au collège. Y a pas à dire c’est une maitre du Theatre Antique. Auteur du 17ème siècle, il devient rapidement le chouchou du Roi et ses oeuvres sont devenues des classiques de la Littérature Française.
Berenice est un drame écrit en vers, composé de 5 actes. Pour la petite anecdocte, Racine se serait inspiré de la romance entre le Roi Soleil et Marie Mancini.
Mais assez d’explication historique, parlons de la superbe production du Donmar, Berenice par Josie Rourke.
Lorsque j’ai reçu la Press Release de ce Berenice à la sauce Anglaise, j’ai tout de suite été intriguée. Comment rendre en 1h35 le majestueux de cette pièce ? Est ce que les règles du drame antique sont respectées? Est ce que l’anglais est approprié ? Parce que moi ,je ne connais Berenice qu’en français et en vers!
Quel choc d’entendre la version d’Alan Hollinghurst. Quelle belle suprise devrais-je dire! Les mots coulent naturellement et déversent toutes leur force et leur fragilité. Je ne regrette pas les vers de Racine, les rimes, je comprends tout et Racine devient accessible à tous.
J’ai été scotchée pendant 1h35! 1h35 de passion, de questionnement, de tristesse, de doute, de beauté et d’Amour avec un grand A!
Le ptich: Berenice attend Titus depuis 5 ans. 5 ans qu’elle l’aime et l’attend afin qu’ils puissent enfin vivre leur Amour. Titus revient et devient Empereur de Rome. Mais Rome ne voit pas d’un très bon oeil ce mariage avec cette étrangère. Titus devra choisir entre l’Amour et le Trone. Pendant ce temps là, Anthiochus se meurt d’Amour pour la future Reine. Il est pris au piège dans ce jeu de « Je t’aime- Je ne t’aime plus », dans ce ménage à 4 (Titus, Rome, Berenice et Anthiochus)
Il est vrai que Berenice n’est pas la meilleure pièce de Racine. Mais cette nouvelle production m’a bluffée. Anne Marie Duff est éblouissante dans le role de Berenice, cette femme laissée de coté par l’homme qu’elle aime et qui disait l’aimer. Anne Marie Duff est généreuse avec ses partenaires et avec le public. Elle passe par une incroyable palette de sentiment de la joie à la résignation en passant par la rage et le choix extrème de mettre fin à ses jours.
Les hommes de l’histoire sont tout aussi tiraillés. Dominic Rowan interprète un Anthiochus sincère , franc et parfois meme drole dans son malheur. Quand à Stephen Campbell Moore, il porte un Titus complexe, amoureux et sexy mais partagé entre sa raison et son coeur.
Ces acteurs se mouvent avec grace sur le plateau créé par Lucy Osborne. Le plateau est recouvert de sable comme un sablier qui marquerai le temps qui passe. La pièce ne se déroule que dans une seule pièce (Regle des trois unités du Theatre antique: unité de temps, de lieux et d’action,respectée par Josie Rourke!) , un escalier fait de chaises relit les autres pièces. Les personnages sont encerclés , comme pris au piège dans leur propre histoire. Dehors il y a Rome (la menace), plus loin on quitte Rome (La solution?) et en haut ce sont les appartements de Berenice.
Je pourrais aussi parler des nombreuses symboliques inspirées du Theatre antique: les pieds nus des actrices, la robe rouge et or de Berenice (comme un avertissement à une mort certaine), les coiffure et costumes, les distances entre les acteurs (marque de fabrique du Theatre antique)….
C’est une très belle production, surprenante pour un francophone mais qui mérite d’etre vue. J’ai été charmée. Peut etre parce que c’est une histoire de femme et qu’elle est intemporelle. D’ailleurs, j’adorerai en faire une version moderne… A suivre
Mon seul regret, mais c’est à Racine que je demande des comptes, c’est la fin! Je ne vous dis rien et vous laisse y aller!
Jusqu’au 24 Novembre Donmarwarehouse