Pauvre Viktor !
Il a voulu embrasser Agata qui s’est mise à crier. Problème : c’était pendant une séance de cinéma avec la classe. A l’écran, Staline. On ne badine pas avec Staline, alors la maîtresse a stoppé la séance. Et voilà Viktor convoqué dans le bureau du directeur. Les questions de celui-ci s’orientent très vite sur le papa de Viktor. Un papa qui écrit, action suspecte dans la Pologne d’après-guerre.
Marzena Sowa, scénariste des Marzi, petits bijoux autobiographiques sur la vie d’une enfant polonaise dans les années 80, s’essaie à la fiction. Avec réussite. Fidèle à la problématique de l’enfance face à la dictature, elle compose une histoire à questions. Comment une maîtresse délatrice peut-elle avoir envie, elle aussi, de liberté ? Pourquoi un poème qu’il n’a même pas lu met-il tant en émoi un directeur d’école ? Et viennent bien sûr les questions des enfants.
Au dessin Sandrine Revel compose une atmosphère emprunte à la fois d’une grande douceur, liée au trait rond des personnages, et d’un sentiment d’enfermement, accentué par le choix du marron comme couleur maîtresse.
La période stalinienne inspire beaucoup les auteurs en ce moment, Sowa et Revel offre un angle nouveau à notre regard sur cette époque.
© Antoine Hudin _______________
N'embrassez pas qui vous voulez - récit complet de 104 pages - de Marzena Sowa et Sandrine Revel - Dupuis - 24 août 2012 - 20,50 €