L’homme et l’instrument semblent ne faire qu’un. Et les images qu’on peut suivre sur le site de France Culture sont tout à fait justes. Le clavier vu du dessus, comme un chemin où les mains vont avec une sorte de tranquillité. Un claquement surprend, c’est le pianiste qui joue aussi du couvercle du clavier. La tranquillité laisse place à la course. Mais nous revenons au pas du marcheur, puis au saut de l’enfant qui gambade, traverse une rivière, atteint l’autre rive. Le piano est ouvert, on en voit les cordes et les marteaux. Les doigts du pianiste emportent le balancement de sa tête, du corps tout entier, tout entier, touches blanches, touches noires. J’aimerais être dans cette salle, me laisser envahir par ces notes aiguës, ces notes graves, ce battement qui alterne douceur et exaltation, me laisser envelopper par ces nappes descendant des nuées, montant des profondeurs. Et Chilly Gonzales parle à son public, parce que la musique est affaire d’échange, de partage, d’apprentissage réciproque. De confiance. De vibrations au-dessus de la tête, dans la tête, dans le corps tout entier, tout entier, tout entier, tout entier (quatre fois, le pianiste vous expliquera). Trilles. Silence.
Chilly Gonzales vient de publier un disque Solo piano II. Et je l’ai découvert cet été, écouté en boucle. J’espère le voir en concert mais pour son prochain passage à Paris (Gaîté Lyrique, en octobre), c’est complet ! La captation du concert privé donné à France Culture récemment est visible en cliquant sur l’image ci-dessus.