Quand on taxe un citoyen et lui enlève de l’argent qu’il ne peut plus dépenser, toutes ces « retombées » qui ne verront jamais le jour disparaissent aussi. On taxe un dollar, mais au final on en perd trois, ou quatre !
Par David Descoteaux, depuis le Québec.
Le déficit atteint 1,6 milliard de dollars, dit le ministre des Finances Nicolas Marceau. Le double de ce qui était prévu. Pourquoi ? D’une part, la croissance économique est moins forte qu’on pensait. De l’autre, le gouvernement dépense plus que prévu. Quelqu’un est surpris ?
Mais ne vous inquiétez pas. Québec maintient toujours le cap vers l’équilibre budgétaire, assure M. Marceau. Seul hic : le cap est peut-être à la bonne place, mais le navire, lui, recule…
Le PQ a fait un tas de promesses pendant l’élection, sans trop savoir comment les payer. Mme Marois a aussi décidé de tout geler : les hausses prévues de tarifs d’électricité par le parti libéral, la hausse prévue des garderies à 7 $, la hausse prévue des frais de scolarité… En plus d’abolir la taxe santé, censée rapporter un milliard $ annuellement dans les coffres du gouvernement. Ajoutez à cela la fermeture de Gentilly-2, et le manque à gagner avoisine plusieurs milliards $.
Question comme ça : ça fait des années que les contribuables font la presque-totalité des efforts pour revenir à l’équilibre budgétaire. À coups de hausse de TVQ, de taxe santé, de taxe sur l’essence, de cotisations de toute sorte… Cette fois, le gouvernement va-t-il enfin faire un réel effort pour réduire ses dépenses ? Ou est-ce que les moutons que nous sommes doivent s’attendre à une nouvelle hausse de TVQ dans les mois qui viennent ? Nous sommes peut-être dociles, mais on n’a plus beaucoup de laine sur le dos…
Les études bidon
Toujours dans la section « Qui l’aurait cru ? » : les études de retombées économiques, qu’on nous balance chaque fois qu’un groupe de pression veut siphonner nos impôts pour son projet, ne seraient pas crédibles…
Cette fois, ce n’est pas moi qui le dis ! C’est l’économiste Jean-Marc Bergevin. Lui-même président d’une société qui se spécialise dans ce genre d’études. « Cette industrie évolue dans un monde sans règles, où chacun peut s’improviser spécialiste en calcul de retombées économiques, et utilise sa propre méthodologie. Le plus souvent dictée par la quête des plus grandes retombées possible pour les clients (responsables de festivals, événements et autres attractions) ». Tiré du journal Les Affaires.
Le professeur parle de « pratiques douteuses, voire carrément non conformes aux théories économiques les plus élémentaires ». Rien d’étonnant. En calculant de la sorte, on peut changer l’eau en vin. À lire ces études, on a l’impression de générer tellement de « retombées » chaque fois qu’on va au dépanneur s’acheter une bière, ou au restaurant pour luncher, que finalement le PIB de la province devrait être trois fois plus élevé que ce qu’on nous dit !
D’ailleurs, pourquoi les firmes qui publient ce genre d’études ne se penchent pas sur l’impact des hausses de taxes du gouvernement ? Après tout, le concept des retombées doit bien fonctionner à l’envers aussi, non ? Quand on taxe un citoyen et lui enlève de l’argent qu’il ne peut plus dépenser, toutes ces « retombées » qui ne verront jamais le jour disparaissent aussi. On taxe un dollar, mais au final on en perd trois, ou quatre !
Peut-être que les contribuables devraient se cotiser et se payer une « étude » bidon du genre. Si c’est ce que ça prend pour avoir l’attention de nos politiciens…
----