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BOUTE-EN-TRAIN, subst. masc. et adj
Emploi adj. [En parlant d'une pers.] Gai, joyeux, entraînant. Joues lisses de gros Juif boute-en-train (Malraux, L'Espoir, 1937, p. 793). Bouju (...) était si bon enfant, si rieur, si boute-en-train, que personne ne blâmait sa conduite avec sa femme (Balzac, Œuvres diverses, t. 3, 1850, p. 121).
− [En parlant d'une chose] Une complainte campagnarde et boute-en-train (Huysmans, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 74).
PRONONC. ET ORTH. : [butɑ̃tʀε̃]. Besch. 1845 : ,,Étant formé d'un verbe boute et de en train, locution adverbiale, ne doit donc point prendre la marque du pluriel. Un boute-en-train; des boute-en-train``. (Pour cette rem. cf. aussi Littré). Tous les dict. notent des boute-en-train.
Mais d'où vient-il, ce boute-en-train? Ecoutons plutôt cette formidable chronique produite et réalisée pour France Bleu. Texte Protégé. Voir suite de la note.
On en a tous besoin, un jour ou l’autre. Quand le ciel est bas, mais que la porte n’est pas jarretelle. Quand le moral est, tel le drapeau, tout roulé, tout triste, en berne. Berne, j’y suis allé, c’est en Suisse, on s’ennuie à mourir. Eh bien, dans ces cas-là, on est toujours heureux de tomber, même deux minutes, sur un joyeux boute en train !
Mais qu’est-ce que quoi ? Un boute en train ? Mais d’où il vient, celui-là, qui, à priori est le bienvenu car il met de l’ambiance et vous fait marrer un peu ? Je suis comme n’importe quel matelot, je vois ce que c’est qu’un bout’, mais qu’est-ce que mon bout de corde a de drôle, si je le mets dans le train ! Et quel train ? Le train de qui ? Est-elle ou est-il d’accord ? Non, je m’égare (Montparnasse). C’est d’un animal qu’il s’agit. Ben, évidemment...
Mais oui, c’est ça ! Il s’agit bel et bien d’un bouc. Le bouc en train. Comme il n’a pas l’habitude de voyager, il fait l’imbécile, forcément. Ca le détend de raconter des blagues, le bouc...en train !
Eh bien non, Hop ! tout le monde descend ! Suivez-moi !
A l’origine, c’est chez les éleveurs de chevaux que l’on voit des boute-en-train ! Il s’agit d’un mâle que l’on utilise pour déceler les femelles en chaleur. Ce cheval est chargé de disposer la femelle à l’accouplement, mais il est mis dans l’impossibilité de la saillir car on réserve sa partenaire pour un reproducteur bien précis. C’est donc la haridelle qui excite la jument avant l’arrivée de l’étalon. Mais le mot fut aussi à la mode à la fin du 17ème siècle, pour désigner un bijou porté en broche sur le sein d’une femme, qu’on appelait aussi le tâtez-y ! Le boute-en-train fut aussi un petit oiseau que l’on plaçait parmi d’autres pour les inciter à chanter, avant de devenir l’homme qui met les autres en gaieté !
Or donc... Bouter signifiant mettre ou pousser, le boute en train est celui qui répand un joyeux entrain autour de lui. S’il le souhaite, il peut éventuellement faire rire une femme pour l’attirer dans son lit, mais rien ne garantit que ce sacré déconneur sera au final l’étalon, celui qui, avec son petit oiseau, pourra jouer, avec la dame, à « tatez-y »!
Voila ! En un mot comme en cent, c’est ça !