Celui-ci a même choisi de créer une structure dédiée à cette activité. Ainsi, sa nouvelle unité "Dynamic Insights" a pour mission d'identifier et de concrétiser les opportunités de création de valeur des "big data". Dans un registre assez différent des banques, l'opérateur dispose en effet d'informations potentiellement intéressantes – et lucratives – pour différentes cibles de clientèle.
Des déplacements et comportements des porteurs de téléphones mobiles aux données "M2M" collectées sur les capteurs intelligents qui se déploient partout autour de nous, en passant par les caractéristiques de navigation web des utilisateurs de ses réseaux WiFi, Telefónica dispose déjà d'une matière première extrêmement riche.
La première offre effective de "Digital Insights", "Smart Steps", sera destinée à des commerçants et collectivités locales et utilisera les informations provenant du réseau mobile pour analyser les facteurs influençant la fréquentation de lieux divers et variés, boutiques, zones touristiques... Naturellement, l'opérateur promet une anonymisation totale des données, afin de limiter les inquiétudes relatives à l'invasion de la vie privée des individus.
Intelligemment, Telefónica reconnait ne pas être experte de l'analyse d'information, aussi s'associe-t-elle à un spécialiste à la fois du marketing et de l'exploitation des "big data", l'institut GfK, qu'elle alimente de ses données "brutes". Fort de ses compétences, ce dernier sera activement impliqué dans la définition des solutions qui pourront être proposées aux clients de l'opérateur.
Bien qu'elle ne soit pas le fait d'une institution financière et qu'il reste à en mesurer les résultats, cette initiative démontre la réalité du marché qui se dessine autour des données. Jusqu'à maintenant, les quelques banques qui ont cherché à valoriser leur capital d'information l'ont fait uniquement en interne (via, par exemple, des promotions ciblées, à la Cardlytics). Ce que développe Telefónica va donc au-delà, avec une commercialisation des données (retravaillées) auprès de tiers.
Le sujet est certes délicat, car il peut susciter des réactions virulentes, éventuellement irrationnelles, de la part du grand public. Mais les perspectives de revenus (les études de marché représentent environ 30 milliards de dollars de chiffre d'affaire annuel dans le monde) sont tellement importantes qu'il ne fait aucun doute que des banques finiront par céder à la tentation. Telefónica, dont les données sont à peine moins sensibles que celles qu'elles détiennent, montre la voie...