C'est un livre à paraître qui nous le dit, à la veille du débat de second tour entre François Hollande et Nicolas Sarkozy, l'équipe de celui-ci aurait imaginé de proposer à Marine Le Pen de devenir ministre de l'intérieur du prochain gouvernement de Sarkozy réélu. L'idée n'aurait jamais été proposée au candidat, mais elle en dit long sur l'inquiétude de ses collaborateurs les plus proches et sur la vision étrangement déformée de la droite et de ses électeurs qu'ils pouvaient avoir. Comment ont-ils pu une seconde imaginer que cela passerait comme lettre à la poste auprès des moins droitiers de leurs électeurs?
Le plus inquiétant dans cette affaire est que Camille Pascal, l'auteur de cette idée, ne vient pas d'un milieu d'extrême-droite : ses grands-parents ont été décorés de la médaille des justes à titre posthume. Il a été collaborateur de Philippe Douste-Blazy et de Dominique Baudis, deux politiques plutôt centristes qu'on n'a jamais classés à la droite de la droite. Ce n'est pas, comme d'autres, un ex d'Occident ou du Front National, un nostalgique de l'Algérie française ou un nationaliste borné, mais un homme de droite classique qui a fait sa carrière dans les médias. Ceci explique, d'ailleurs, peut-être cela. Reste que cela éclaire les propos copiés-collés du FN de Jean-François Coppé (dont la famille, qui ne vient pas non plus de l'extrême-droite, sait combien il convient de se méfier de ces dérives) : les barrières idéologiques entre la droite et l'extrême-droite sont tombées, ne restent que les "barrières de convenance", de bienséance. C'est une très mauvaise nouvelle pour la droite dont tous les électeurs ne sont pas disposés à se laisser tirer ainsi du coté de la xénophobie et du nationalisme. Le centre à la Borloo a une chance historique de reconstituer une famille de droite libérale, centriste, européenne,