Charlie : bal tragique à Islamabad

Un dessin bien innocent à la une de Charlie Hebdo vient de provoquer une crise diplomatique, non pas sans précédent, mais rare, dans ce monde si chaotique, gouverné, non plus par les USA, mais par les Barbus et par les traders londoniens.
Bon, Charlie a exagéré : ce n'était pas le moment, nos ressortissants sont en danger, répètent en choeur nos lecteurs, certains de nos amis journalistes, et le gouvernement français, qui se serre les couilles plutôt que les coudes, et qui a peur qu'un petit dessin provoque un grand choc. Ce en quoi il n'a pas tort : c'est fou ce qu'un crobard peut provoquer de haine, de violence, d'eviscérations diverses, comme le visage d'une femme peut engendrer de phantasmes.
Bon, allez, le dessin de une de Charlie est plutôt drôle, n'insulte personne, et, en plus, on a connu Charb plus inspiré.
Mais bon, qui l'a vu, ce dessin ? Qui l'a lu, cet exemplaire de Charlie, épuisé au bout d'une journée en kiosques en France, et à l'île de la Réunion, presque caché en haut du présentoir ?
Qui a lu les articles à l'intérieur de ce canard iconoclaste ? Ici et là (surtout là), on parle de racisme, d'islamophobie, en oubliant le sens des mots : on ne peut pas être raciste envers une religion (ce n'est pas une race) ; le suffixe phobie signifie "peur", pas haine. On peut dire la même chose du mot homophobie, ou staracademyphoby...
A la Réunion, nous avons un rapport apaisé avec l'Islam. Et l'Islam a un rapport serein avec la République. C'est historique, c'est comme ça, et c'est tant mieux...
Pour nous, les religions sont un leurre. Respecter ceux qui les pratiquent va de soi, mais en venir à tuer à cause d'un dessin, c'est assez peu respectable. Le fond de l'histoire, ce n'est pas l'Islam. C'est la lecture littérale d'un livre qu'on lit (?) faute de mieux.

François GILLET