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Jean-François Donati expose « Entre autres choses » à la Galerie Cadre Art

Publié le 10 octobre 2012 par Onarretetout

DSCN0357Quand j’ai rencontré Jean-François Donati, il y a quelques années, il m’a montré un article découpé dans je ne sais plus quel journal. Je n’ai pas souvenir non plus du nom de l’auteur. L’article était parsemé de cette mention, en lettres capitales : GRATTEZ ICI. Comme s’il y avait quelque chose à gagner. Ça l’amusait de me faire lire cet article dont l’effet recherché m’échappait. Sortant de son exposition parisienne, il y a quelques jours, c’est cette anecdote qui me revient. Sur les jeux de grattage, il y a une autre mention, qui interdit de gratter : NUL SI DECOUVERT. Et j’ai le sentiment soudain que les œuvres de Jean-François ne montrent pas, ne découvrent pas. Qu’elles couvrent, au contraire. L’encre remplit les creux de la plaque et couvre le papier de la gravure, la peinture couvre la toile. Après Warhol, comment représenter une boite de conserve, sinon en l’écrasant et en masquant, par ce geste, la marque elle-même ? Après Picasso, comment représenter « la pisseuse », sinon en ouvrant un robinet ? DSCN0353Après Munch, comment représenter un cri, sinon en agitant devant la bouche des mains gantées ? Même les valeurs ésotériques (666, par exemple), il les réduit en réalisant un 555 qu’il reproduira pendant plusieurs années. L’humour est donc omniprésent dans les œuvres de Jean-François. Pourtant, le premier regard, en entrant dans la galerie, donne un sentiment de malaise : du rouge, comme si la chair était à vif, comme si la peau suait du sang. M’approchant, empli de ce malaise, je vois des têtes effacées, des membres atrophiés, des corps inadaptés. Sortir de la galerie, y revenir, et les visages n’expriment plus la même chose : la souffrance, si souffrance il y a, se joue de sa représentation. L’abdomen d’un insecte apparaît ici à la place d’un ventre de femme, un poisson (qui pourra aussi ressembler à une plume, à une radicelle) remplacera les yeux d’un autre visage… Les toiles elles-mêmes sont des assemblages, faisant parfois penser aux cadavres exquis. Des mots dont les lettres bien calibrées, bien ordonnées perturbent la compréhension, comme si chaque lettre ne devait être prise que pour ce qu’elle est, un signe tracé, une façon de baliser, et pas du tout le sens qui lui est attaché. DSCN0355RECUEIL, par exemple, se retrouvera sur des toiles, des dessins, des gravures, différents. Le mot est parfait, sans faute d’orthographe, mais il est là pour rire et pas pour qu’on se recueille. Souvent, Jean-François conçoit ses expositions comme des ateliers où chacun pourra participer au travail. DSCN0349Ici, appuyées les unes sur les autres, des toiles attendent. Le premier nu cache les suivants, à moins que les autres toiles soient vierges. Tout montrer ne résoudrait aucune énigme. Il n’y a rien à gratter. D’ailleurs tout ce qui est à voir est là, à vue.

L'exposition s'est terminée le 29 septembre 2012.


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