Tout y passe et c'est bien normal. Nous sommes en démocratie.
Ces derniers temps, certains se sont mobilisés pour convaincre les élus socialistes de respecter leur promesse de non-cumul. On savait bien qu'après une belle décennie de victoires aux élections locales, de véritables baronnies s'étaient constituées. Et la promesse serait difficile à appliquer.
On pouvait être agacer de constater que les plus virulents contre le cumul des mandats étaient moins les électeurs (qui réélisent souvent avec gourmandise et/ou aveuglement leurs élus cumulards) que quelques éditocrates souvent cumulards eux-mêmes dans de multiples médias.
En juillet dernier, Mediapart avait réactivé un autre sujet de préoccupation citoyenne, les frais de nos élus. Au Royaume Uni, les parlementaires se font rembourser sur justificatifs. En France, nos députés et sénateurs bénéficient d'une enveloppe forfaitaire dont ils disposent à leur guise. Claude Bartolone, nouveau président de l'Assemblée nationale, a promis un peu de ménage mais tout cela reste bien modeste.
La démocratie a un coût mais est-elle au juste prix ?
Voici que des députés UMP et UDI lancent une autre polémique, le statut de leurs collègues fonctionnaires. Trente-sept d'entre eux ont déposé un amendement qui sera débattu en décembre prochain sur le sujet, un amendement repéré par le site Mediapart. Le dit texte est court, très court.
« Art. L.O. 142-1. – La qualité de membre de la fonction publique est incompatible avec la réalisation d'un troisième mandat consécutif de député. ».Il reste curieux, étrange, mais salement prévisible que ces mêmes députés n'aient pas détecté d'autres professions incompatibles avec l'exercice du mandat de député. On pense à Renaud Muselier, longtemps député UMP marseillais (avant d'être vaincu en juin dernier), qui était également directeur d'une clinique privée.
L'Assemblée compte parmi ses députés 7 journalistes, 18 chefs d'entreprises, 78 cadres du privé, 38 avocats, 54 médecins, pharmaciens et chirurgiens (dont Jérôme Cahuzac, ministre du budget, qui a rendu son mandat à son supplément), et 16 exploitants agricoles.
«Et au bout de combien de mandats comptent-ils demander aux députés exerçant une activité privée, d'avocat d'affaires ou de médecin, de faire un choix?» s'est demandé René Dosière .
Nul ne sait.