Le succès de Square a été en grande partie bâti sur un modèle de tarification raisonnable et transparent, a priori séduisant pour les "micro-commerçants". Cette recette a certainement inspiré le "Forfait Access" de BNP Paribas, dont le prix est fixé forfaitairement à 4 euros par mois, sans limitation du nombre de transactions traitées. Il existe tout de même (évidemment) une contrainte : cette solution n'est proposée qu'aux professionnels et "micro-entreprises" dont le chiffre d'affaire annuel par carte bancaire est inférieur à 12 000 euros (TTC).
En comparaison de l'offre "Access" – facturée 0,45% du montant de la transaction avec un minimum de 10 centimes – disponible jusqu'à maintenant pour la même population cible, qui est exactement celle de Square et consorts, la différence de prix à la fin du mois sera généralement marginale (sauf pour les secteurs où les micro-paiements sont la règle, cependant). Mais le point critique pour une adoption généralisée est bien celui de la transparence, qui devient presque parfaite avec une approche forfaitaire.
La seule faille dans la proposition de BNP Paribas, et elle est de taille, reste le terminal de paiement. Le client devra en effet l'acquérir ou le louer séparément, à un prix qui rend l'équation économique beaucoup moins attractive (la location reviendra au moins 2 ou 3 fois plus cher que le service !). La seule option qu'a la banque pour éliminer cet obstacle serait donc qu'elle distribue une solution économique, qui pourrait naturellement prendre la forme d'un lecteur de carte à coupler à un smartphone ou une tablette...
Rien ne laisse penser à ce stade que la banque prépare le lancement d'un accessoire de ce type, qui serait pourtant un trait de génie pour compléter le "Forfait Access". A défaut, elle se tient néanmoins prête à une réaction rapide en cas d'arrivée d'un "concurrent" disruptif et, surtout, elle affiche clairement la difficulté que représentera le marché français pour les startups qui voudrait l'investir : un revenu brut de 4 euros par mois par client peut réduire à néant tout espoir d'un modèle économique viable dans le seul secteur des paiements.
Bien entendu, il ne s'agit là que de pure spéculation de ma part et il est tout à fait possible (et même probable, malheureusement) que cette nouvelle offre n'ait aucun lien avec l'émergence de solutions d'encaissement sur mobile. Dans ce cas, mes élucubrations pourraient peut-être malgré tout inspirer d'autres acteurs...