Nous avons tous des rêves d'enfants mais seuls quelques uns parviennent à les assouvir. C'est certainement le cas de Wes Anderson qui a fait de sa filmographie une cure de jouvence devant les années qui filent. Le jeune réalisateur à l'origine de la Famille Tenenbaum et du Darjeeling Limited va creuser encore un peu plus loin dans ses souvenirs pour adapter à l'écran l'histoire du Fantastique Maître Renard, un conte pour enfants des années 70 écrit par Roald Dahl. Le pauvre homme ne sera malheureusement plus de ce monde pour apprécier le travail de Wes Anderson qui a littéralement donné vie à ce curieux personnage que l'on ne connaît généralement qu'à moitié écrasé au bord des voies rapides... Je partagerai bien quelques souvenirs de ce bon vieux Renard qui rythmait mes aprés-midis sur France 3 mais l'expérience n'en serait que plus douloureuse! Mais restons en au film! Anderson nous livre un film d'animation en volume, le terme barbare pour indiquer qu'il s'agit d'un travail de maquettistes en prises de vues interminables qui mises bout à bout donnent un semblant d'animation déstructurée. Vous l'aurez compris, le résultat final n'est pas simplement du au jeune texan mais à toute une équipe en charge de plus 4000 accessoires, 500 marionnettes et 150 décors, le tout photographié à 621450 reprises, de quoi déstabiliser les plus impatients!
L'histoire est celle Foxy Fox, un jeune renard devenu journaliste après s'être égaré dans le vol qualifié de poules et autres volatiles en compagnie de sa femme Felicity. Aujourd'hui bien rangé, il décide de fonder une famille malgré quelques sursauts d’instinct animal qu'il tente de combattre en vain. Ce détail va malheureusement prendre une toute autre tournure lorsque Foxy décide d'aménager à quelques mètres des plus gros producteurs locaux de poulets, canards, et cidre de la région. Un bras de fer s'engage alors entre producteurs et renards chacuns dans leur propre intérêt...
Comme toujours Anderson a mis l'accent sur son casting. George Clooney et Meryl Streep intègrent ainsi le cercle très fermé des fidèles du réalisateurs comme Bill Murray, Jason Schwartzman ou Owen Wilson qui ne manquent aucune des nouvelles aventures du jeune réalisateur même si ça n'est que pour donner leur voix à quelques renards animés. La musique est elle aussi importante. Quelques standards rock bien disséminés ça et là alternent avec une bande originale composée par Alexandre Desplat (cocorico). Le français a d'ailleurs été justement récompensé pour son travail sur le discours d'un roi par un Grammy Award, sorte d'anti-chambre des oscars.J'ai été longtemps réticent à visionner ce film d'animation, un genre que je n'apprécie pas forcément. Wes Anderson a fait le reste en personnalisant un conte pour enfants dans un univers qu'il gère à merveille depuis qu'il est passé derrière une caméra. Les travellings et autres chapitrages qui faisaient son originalité sont également présents dans ce film où chacun trouve son compte: les enfants comprennent l'histoire à leur niveau, ébahis devant une animation entre rêve et réalité. Les adultes s'approprient le scénario d'Anderson à un autre niveau mais sont tous aussi surpris de replonger en enfance pendant la cavale infernale de Maître Renard et ses compères. L'effet est garanti, l'animation juste incroyable dans un univers de détails où rien n'a été laissé au hasard. A partager en famille!
Extrait musical