Jean-Pierre Gorges, député UMP de la 1ère circonscription d’Eure-et-Loire et membre de la Commission des Finances, vient de déposer un amendement au Projet de Loi de Finances 2013 pour supprimer l'avantage fiscal des journalistes.
Pour rappel, cet avantage remonte à 1934, où, à l’époque, une liste a été établie de 110 professions censées avoir des frais professionnels supérieurs aux autres, déjà exonérées de 10% de leurs revenus à ce titre. A côté de métiers clairement surannés, on trouve les journalistes, exonérés de 30% supplémentaires pour compenser la faiblesse ou l’absence de remboursement des frais professionnels par les éditeurs. En 1996, le gouvernement Juppé décide d'en finir avec ces niches, sauf une, celle des journalistes, soumise à négociation avec les syndicats. Négociation avec une profession qui sait se faire entendre et qui aboutira en 1998, sous Jospin, à sa modification : l'abattement de 30% a été transformé en un forfait de 7.650 euros, à déduire du revenu imposable, quel qu'en soit le montant.
Pour Jean-Pierre Gorges,
« Certains contribuables continuent à bénéficier de niches ou de réductions, incompréhensibles pour nos concitoyens. Tel est le cas des journalistes. L’objet du présent amendement est de supprimer l’avantage fiscal dont ils bénéficient et de le faire contribuer ainsi à l’effort consenti par tous nos concitoyens ».
Si ce dispositif pourrait être encore compréhensible pour les journalistes pigistes qui n’ont pas de rédaction et qui doivent faire face seuls à leurs frais, il n'en va pas de même pour tous les autres dont certains peuvent ainsi réduire leur impôt de près de 50%. Par exemple, une journaliste en CDI à Rue89 qui gagne 2 100 euros par mois paie 900 euros d’impôts par an. Dans les mêmes conditions, célibataire et sans enfants, un salarié non-journaliste paiera plus du double, soit 2 000 euros d’impôts par an.
On notera que l'amendement de Jean-Pierre Gorges a recueilli les signatures d’une quinzaine de députés, mais d'aucun ancien ministre ou parlementaire médiatique. L'égalité fiscale, ce n'est pas pour maintenant ?