PAYS DES NEGRES
Pays des nègres
À la peau de fer
Nègres d’herbes sauvages
Nègres de montagnes et de bois
Pays des nègres
Sans langages
Nègres au nom fantôme
Nègres aux ailes ôtées
Pays des nègres
Tatoués d’estampes bestiales
Nègres martyrs
Nègres pour qui le soleil est enfer
Pays des nègres sans pays
Nègres ambulants
Nègres de nulle part
Pays des nègres de maîtres
Nègres acquis
Nègres dépouillés de leur rien du tout
O mon pays !
J’ai vu les conquistadores
Ancrer leur avidité sur tes rives
Ils ont rasé tes champs
Et souillé tes rivières
Je les ai vus marcher sur ta liberté
Que n’ont-ils pas fait ?
Tes cimes ont sombré
Tes jardins sont ruinés
Tes saisons sont devenues torrides et allumées
Tes filles sont violées
Et leurs fils sont réduits en esclavage
Du fond de tes entrailles
J’ai entendu
Le cri de ta douleur
Mais O mon pays !
Pays des nègres vaillants
Des nègres taureaux
Pays des nègres surnègres
Sèche tes larmes
Emigré dans tes rêves
L’espoir a survécu
Il est là
Et se cache sous l’ombre
De tes feuilles avachies
Pleure pleure pleure
O mon pays !
Que tes larmes te raniment
Des fleurs assiègeront tes prairies à nouveau
Des oiseaux chanteront
Sur tes matins
Et des arbres habiteront tes vallées
Demain il n’y aura plus
De brumes à l’horizon
Ni de meutes en tes rivages
Car nous sommes tes nègres fidèles
Tes nègres intrépides
Tes nègres redoutables.
Collinx Mondésir