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Une aviatrice militaire

Publié le 09 octobre 2012 par Toulouseweb
Une aviatrice militaireLe capitaine Claire Mérouze fait son apprentissage médiatique.
Les Rencontres aéronautiques et spatiales de Gimont, clôturées cette année par une présentation impeccable de la Patrouille de France, gučre gęnée par un plafond bas, avaient une marraine peu ordinaire, le capitaine Claire Mérouze. Une élégante pilote de Rafale, affectée depuis peu ŕ la base de Saint-Dizier. ŤLať pilote de Rafale dans la mesure oů elle est la premičre, la seule pour l’instant, ŕ se prévaloir de ce titre de gloire au sein de l’armée de l’Air française.
A Gimont, elle était partout, en tenue de vol, souriante, un peu en retrait, cherchant discrčtement ŕ s’accoutumer ŕ une notoriété récente. Elle a 27 ans, 600 heures de vol dont une centaine sur Rafale, elle est sortie major de sa promotion aprčs 6 ans de formation. ŤElleť et ŤMarie-Claireť ne l’ont pas encore repérée, ce qui lui donne un peu de temps pour se préparer ŕ l’intéręt médiatique qu’elle va inévitablement susciter. Une élégante jeune femme pilote de Rafale ! Un sujet en or !
Elle parle doucement, choisit ses mots avec précision, témoigne d’une grande maîtrise qui est évidemment naturelle. Mais, surtout, elle dit les choses comme elle les pense, quitte ŕ déconcerter ses interlocuteurs. Ainsi, d’entrée, interrogée sur ses premičres impressions, elle tient des propos trčs positifs, certes, laisse entendre ŕ quel point elle est heureuse d’ętre lŕ mais s’empresse d’ajouter que, tout bien réfléchi, elle exerce …un métier d’homme. Sous-entendu, si ce n’était pas le cas, personne ne parlerait d’elle, les Rencontres de Gimont auraient sans doute choisi un tout autre parrain, elle n’aurait pas été constamment entourée tout au long de la manifestation qui vient de fermer ses portes.
Renseignements pris –mais elle oublie de le préciser—l’armée de l’Air est la plus féminisée des trois Armes françaises, trčs exactement ŕ hauteur de 22%. Mais cette proposition ne s’applique pas aux pilotes, tant s’en faut. De plus, les rares précédents n’ont pas été précisément simples et faciles, comme en témoignent ceux qui ont eu la chance de connaître la regrettée Caroline Aigle, devenue pilote de Mirage 2000 en 1999. En fait, le mieux serait sans doute de ne pas en parler, de banaliser le sujet, d’éviter d’en faire un thčme de réflexion illustrant tant bien que mal la longue marche du féminisme.
Reprenons autrement. Agée de 5 ans, haute comme trois pommes, la petite Claire se serait un jour écriée : Ťje veux ętre pilote de chasse !ť. On le lui a rapporté, plus tard, elle ne s’en souvient pas mais cette déclaration prémonitoire est crédible : le soir, ŕ la maison, on parlait d’aviation, le papa étant navigateur sur Mirage IV. Ceci explique certainement cela.
Oui, le métier est trčs masculin, mais peu importe. Avant d’arriver tout récemment ŕ l’escadron 1/7 Provence, venant en droite ligne du 2/92 Aquitaine (transformation sur Rafale), elle a suivi le cursus classique (Salon, Cognac, Tours, Cazeaux), tout en faisant beaucoup de sport, une autre passion qui aurait peut-ętre pu l’orienter vers une tout autre direction.
Aujourd’hui, est-elle avant tout aviatrice …ou militaire ? Ť Aviatrice, comme la plupart d’entre nousť, dit-elle du tac au tac, sans oublier pour autant les rčgles du jeu. Et que dire d’un parcours de pilote de chasse qui commence par la fin, c’est-ŕ-dire par le dernier-né le plus performant des systčmes d’armes de l’armée de l’Air ? Elle n’a évidemment pas ŕ répondre ŕ ce choix, qui n’est pas le sien. Tout au plus peut-elle constater qu’il est sans doute utile de mettre sur Rafale des pilotes jeunes, encore peu expérimentés, mais au comportement Ťneufť et non pas façonné par des centaines d’heures passées aux commandes de 2000, F1, voire Jaguar. Les opérationnels en reparleront plus tard, quand viendra l’heure des synthčses, des conclusions.
Le Rafale ? ŤUne montagne de connaissances ŕ maîtriserť, estime le capitaine Mérouze. Mais il serait sans doute malvenu d’en dire davantage ou encore d’évoquer de futures missions, peut-ętre en territoire hostile, ŕ mener lors d’opérations extérieures. Et, entre-temps, on devine le souhait tout ŕ la fois de jouer le jeu et de tenir ŕ distance ŤElleť et ŤMarie-Claireť. On n’en saura pas plus cette fois-ci : le papa nous rejoint, souriant, lui aussi, et nous pose une question toute simple : Ťvous en avez encore pour longtemps ?ť. Message reçu 5 sur 5.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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