Pourquoi en numérique ? Entretien avec Fabienne Betting

Par Qris @Qrisimon

En vente sur Amazon Kindle

Je ne connaissais pas du tout Fabienne Betting, j’étais donc contente de découvrir une nouvelle  auteure auto-éditée ! Nos échanges par courriels se sont passés sans heurt. Fabienne est une personne directe et franche avec une pointe d’ironie sous-jacente dans le ton. En voyant sa photo, et en lisant  sa bio et le résumé de Version originale !, son premier roman, je n’ai pu m’empécher de sourire.  La dérision est un élément important de sa personnalité. Voici comment elle se présente elle-même :

Fabienne Betting a commencé sa carrière littéraire en écrivant des nouvelles qui lui ont valu le prix Vedrarias 2000 et le prix de la nouvelle policière de Dôle en 2007. Spécialiste internationale du quatrième pays balte, la Mesménie, elle lui consacre son premier roman, « Version Originale ! », qui compte déjà des centaines de lecteurs à travers le monde. Rejoignez le mouvement : Tous en Mesménie !

Fabienne aborde l’auto-édition avec nonchalance et une honnête paresse qui la rend très sympathique et invite la chance à donner le coup de pouce nécéssaire à son pari.

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Résumé du livre :

« Version originale ! »,  c’est l’histoire du jeune Thomas serveur chez McDo après avoir abandonné ses études littéraires. Il avait une bonne raison pour laisser tomber : une déception amoureuse dont l’objet était  sa prof de mesmène, langue du quatrième pays balte. Pressé par sa copine de trouver autre chose, il trouve une annonce dans « 20 minutes » juste faite pour lui : « Recherche traducteur pour le mesmène vers le français. Rémunération très bien. »

Malgré ses connaissances plus qu’approximatives de cette langue, il est incapable de résister et répond à l’annonce. Le commanditaire, estonien à l’air louche qui répond au nom de Sergeï, lui donne trois semaines  pour traduire presque 200 pages. Thomas se met au travail avec ardeur, et il traduit tant bien que mal, arrange à sa sauce les détails qu’il comprend mal, corrige ce qu’il prend pour des inepties.

Au final il s’en sort,  rend sa copie au mystérieux Sergeï, touche son dû et n’entend plus parler de sa traduction… jusqu’au jour où la Mesménie se retrouve à la une des journaux, et où le livre qu’il a traduit devient un succès de librairie.

A partir  de là, il va de surprise en surprise : Sergeï a disparu, on le menace d’un procès pour vol de manuscrit, il passe pour l’auteur du livre et Mali, sa belle prof de mesmène resurgit dans sa vie…

Fabienne Betting

Fabienne Betting répond aux 5 questions

1.

Pourquoi l’auto-édition et non pas l’édition ?

Soyons honnête : tout auteur de roman aimerait être publié par les voies « officielles » de l’édition ; c’est encore aujourd’hui le meilleur moyen d’accréditer un livre et je ne suis pas différente des autres.

Soyons réaliste : se faire éditer par une grande maison d’édition quand on est totalement inconnu, quand on ne connait personne dans le milieu ou dans la sphère médiatique, c’est presque mission impossible. Je ne fais pas le procès des maisons d’édition mais je pense qu’elles reçoivent trop de manuscrits pour les examiner attentivement. A la rigueur, si on vise le public adolescent avec des histoires de magiciens, ou si on écrit sur des sujets très vendeurs comme la politique ou l’érotisme, a-t-on une petite chance d’être remarqué. Une idée serait de mêler l’ensemble et de proposer un titre du genre « François Hollande contre les vampires libidineux de Belleville » mais je n’aurais pas le talent d’écrire un tel chef d’œuvre.

Pour les petites maisons d’édition, le problème est différent. Il faut les identifier, comprendre leur ligne éditoriale, comprendre si le roman que l’on propose correspond à cette ligne. C’est un travail assez ardu, et pour mon livre qui est une histoire souriante qui ne vise aucun public en particulier, je n’ai pas su le mener à bien.

Il me restait l’auto-édition que je connaissais mal et que j’imaginais fastidieuse et onéreuse. Par pur hasard, peu de temps après la finition de mon roman, j’ai lu sur la toile un article sur Amazon et sur sa plateforme de livres numériques ouverte à l’auto-édition. J’ai donc essayé et j’ai trouvé un moyen simple et rapide d’avoir accès à un grand nombre de lecteurs potentiels dont je suis ravie.

2.

Pourquoi le numérique ?

Le numérique est le format idéal pour l’auto-édition. Il permet de fixer un prix raisonnable et assure une certaine visibilité du produit quand on le diffuse à travers des plateformes telles qu’Amazon.

Et puis je crois fermement à l’avènement des liseuses numériques dans les années ou même les mois à venir. Nous savons qu’aux Etats-Unis elles ont de plus en plus d’utilisateurs mais il n’y a pas qu’outre atlantique que les lecteurs les adoptent.  J’étais à Moscou la semaine dernière et j’ai vu dans le métro que plus de la moitié des gens lisaient sur des supports numériques !

A mon sens, l’exception Française ne vient pas tant de l’attachement au format papier, même si cet attachement existe, qu’au  problème de l’offre en numérique qui est encore réduite et surtout du coût puisque les livres numériques restent souvent au même prix que leur version papier grand format, ce qui est proprement scandaleux. Malgré ces inconvénients, les liseuses présentent tellement d’avantages, notamment le choix de la taille de caractères, le poids, l’encombrement, que je suis sûre qu’elles finiront par d’imposer.

Illustration du roman Version Originale

3.

Ton livre est-il classé dans un genre particulier ? Si non, comment le répertories-tu sur les plateformes ?

La question du genre est particulièrement délicate pour moi. J’ai écrit un livre d’aventures que j’espère assez drôle mais qui  n’appartient pas à une catégorie particulière. Au début je l’ai laissé dans « littérature générale » sur Amazon et j’ai eu la surprise de le voir entouré par « la guerre des boutons » et « le Kamasoutra », ou bien par « A la recherche du temps perdu » et « les aventures de Sherlock Holmes ».  Je n’y voyais pas d’inconvénient mais je devais bien reconnaitre que le mélange ma semblait incongru. Je l’ai alors transféré dans des sections plus spécialisées telles que « Humour et BD » et « Policier et Suspens » mais là encore, je n’avais pas l’impression qu’il avait trouvé sa place. Si les lecteurs de cet article veulent bien me donner leur avis après avoir lu mon livre, je suis preneuse !

4.

Comment as-tu défini le prix de ton ebook ? Les raisons ?

J’ai d’abord envisagé de proposer le livre gratuitement sur Amazon et puis j’ai changé d’avis pour deux raisons : d’abord, même si j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce livre, c’est un vrai travail d’écriture, très chronophage, et je pense que tout travail mérite salaire. Ensuite, et surtout, je pense que les lecteurs qui vont payer un livre seront plus exigeants quant à son contenu et auront plus tendance à laisser un commentaire et c’est ce que je recherchais. Pour fixer le prix, cela a été plus difficile. Je voulais un montant raisonnable tout en étant significativement moins cher que les livres papiers et finalement  je me suis laissée guider par Amazon qui avait un prix conseillé, je ne sais pas sur quel critère, mais qui m’a paru convenable aussi je l’ai laissé à ce prix-là.

Version Originale ! Illustration

5.

Démarches-tu les blogs et sites de critiques. Combien de critiques as-tu obtenu sur ton/tes livre(s)? Es-tu satisfait(e) de tes relations avec ces sites et blogs ?

L’auto-promotion est une notion indissociable de l’auto-édition mais c’est une tâche bien différente de celle de l’écriture. J’ai essayé de démarcher certains sites, dont ID BOOX où Elizabeth Sutton m’a fait une très gentille critique mais dans l’ensemble je n’ai pas beaucoup démarché de blog, essentiellement par manque de temps et de connaissances de ces sites. Par contre, j’ai eu l’agréable surprise d’avoir été remarqué par certains d’entre eux et j’ai eu une dizaine de très bonnes critiques sur Amazon, qui ne sont pas de mon fait ni de celui de mon entourage. Je le précise car autant je suis partisane de l’auto-édition, autant l’auto-éloge me parait préjudiciable et discrédite l’ensemble des livres auto-édités.

Quand je l’ai pu, je me suis mise en contact avec les personnes qui avaient eu la gentillesse de commenter mon livre.

Sites sur lesquels on peut trouver les commentaires sur mon livre :

Les jardins d’Hélène Libfly, Le.cas.ss. Le blog de Tilly

l’ A B C de Fabienne Betting

A. Comment as-tu fait le formatage ?

Je l’ai fait moi-même sous Windows 7, avec word2010, pas très difficile pour Amazon et j’ai été trop paresseuse pour le formater et le mettre sur les autres sites comme iBookStore et Kobo.
La plus grande partie du formatage se fait pendant l’écriture, en respectant quelques règles simples :
1/ Utiliser les fonctions de mises en page pour définir les retraits de début de texte et les dialogues plutôt que mettre des espaces ou des tabulations  qui sont mal pris en compte à la conversion
2/ Bien penser à insérer un saut de page à la fin de chaque chapitre
3/ Pour centrer les titres et les illustrations, utiliser le bouton permettant de centrer le texte. De même utiliser le bouton « justification » pour la mise en forme des paragraphes.
4/ Pour les illustrations; insérer les images en jpg et ne pas faire de copier/coller.
J’ai passé beaucoup de temps à reformater les dialogues : J’avais mis un trop grand retrait au départ car j’écrivais en format A4 et, au moment de la conversion, ce retrait n’a pas été réduit alors que la longueur des lignes l’était, elle ! Le résultat était très vilain et j’ai du revoir ma copie.

De très bons conseils de formatage sont donnés à :
https://s3.amazonaws.com/kdp-na/files/Building-Your-Book-for-Kindle-FR.pdf

B. Combien as-tu vendu d’exemplaires à ce jour ?
A ce jour, j’ai dépassé les 150 exemplaires en un an avec une seule plateforme (Amazon Kindle)

C. Es-tu satisfaite du rythme de tes ventes ? considérant que tu es inconnue et que c’est ton premier roman.
En fait je suis plutôt agréablement surprise, autant par le nombre de commentaires favorables que par les ventes. Ça me donne envie de faire de la promotion mais à vrai dire je ne sais pas trop comment m’y prendre, et j’ai l’impression que Florian Rochat a tout à fait raison dans son entretien, quand il dit que l’auto-promotion est mal vue.

Version Originale ! Illustration

Pourquoi en numérique ? est une série d’entretiens avec des auteurs autoédités en numérique, mais aussi bientôt d’autres acteurs qui font les corrections, le formatage, etc.

Si vous désirez un entretien veuillez consulter ce billet pour les démarches à suivre.

Chris Simon _ Licence Creative Commons BY-NC

Photos © Fabienne Betting

1ère mise en ligne et dernière modification le 9 octobre  2012