Magazine

Quand j'ai été kidnappé, mes parents ont tout de suite agi : ils ont loué ma chambre (W. Allen)

Publié le 27 janvier 2008 par Rafaele

L9861. Souvent, lorsque le soleil d'été brûlait la ville, j'ouvrais les fenêtres de la chambre jaune et tirais l'épais rideau violet. Puis je m'allongeais sur le lit et laissait la lumière filtrée caresser mon visage. Parfois, une légère brise soulevait la tenture et la faisait battre comme un cœur. L'odeur du thym cultivé sur le balcon se mêlait à celui de la lavande et donnait à la chambre un air de jardin méditerranéen. Alors je restais là à contempler le chat faire sa toilette sur la chaise en bois. Au loin, les cloches de l'église Saint-Christophe comptait les heures quand moi je perdais de longues minutes à paresser dans les draps.

2. Il faisait chaud ce soir-là et nous avions bien du mal à trouver le sommeil. Aucun de nous deux ne dormait et pourtant le silence régnait dans la chambre jaune. Soudain, un cri se fit entendre. À vrai dire, ce n'était pas un cri, plutôt un gémissement, oui, un gémissement de plaisir. Celui-ci provenait de l'une des chambres situées à l'étage supérieur et se répercutait, tel un écho, sur les parois de la cour intérieure. Nous nous sommes redressés pour mieux écouter, tellement ce bruit nous paraissait insolite, puis nous nous sommes regardés et nous avons ri. C'était un rire nerveux comme celui de deux enfants cachés derrière la porte et découvrant je ne sais quel mystère de la nature humaine. Alors que, sous les combles, le plaisir allait crescendo, deux étages plus bas nous ne parvenions plus à contenir notre émoi. Puis les gémissements se sont apaisés et nous nous sommes tus. Le nuit reprit enfin ses droits et imposa aux locataires de partager tous ensemble une quiétude sans murmures.

3. Il m'était impossible de trouver le repos quand il n'était pas à mes côtés : le lit me semblait alors trop grand, presque démesuré. Je tournais et tournais encore sur moi-même, espérant trouver la position qui me mènerait au sommeil, mais je n'y parvenais. Je souhaitais ardemment que le chat vienne goûter, avec moi, à la blancheur de mes nuits, mais celui-ci préférait la fraîcheur du salon à la tiédeur de la chambre jaune. Alors de longues minutes s'écoulaient sans que Morphée ne vienne troubler ma veille. Il est toujours singulier de constater combien l'on parvient, et cela assez facilement, à partager sa couche avec autrui. Un seul être vous manque et votre lit est dépeuplé.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Rafaele Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte