Face à la côte nord de l’île d’Hong Kong se trouve la péninsule de Kowloon. Deuxième région à avoir été urbanisée, Kowloon est aujourd’hui reconnue pour sa forte densité résidentielle dépassant les 30 000 habitants au kilomètre carré. L’un des ses principaux quartiers : Mong Kok, serait l’un des plus denses au monde, avec des chiffres allant jusqu’à 130 000 habitants au km².
Des nombres qui donnent le tournis mais c’est bien ici, au cœur de ce quartier populaire surpeuplé, que j’ai découvert les clichés tant imaginés de Hong Kong : d’immenses immeubles aux enseignes aveuglantes, des rues noires d’une foule qui se presse et se bouscule, le tout baignant dans diverses vapeurs olfactives et dans un brouhaha assourdissant !
Alors pour véritablement me plonger dans la vie urbaine chinoise, je décide de partir à la découverte des marchés de Mong Kok. Aussi typiques qu’improbables, s’alignent le marché aux oiseaux de Yuen Po Street et le marché aux poissons, suivi plus loin du marché aux jades qui a donné son nom à Jade street, lui-même aux côtés du marché aux dames plus connu sous le nom de Ladie’s market… Dans ces dédales de rues animées se concentrent véritablement les scènes de vie les plus animées de Hong Kong.
Mais s’il y a un marché dont je souhaitais vous parler plus que les autre, notamment pour son agréable parfum immédiatement identifiable dans cette polyphonie olfactive, il s’agit du marché aux fleurs situé non loin de là sur Flower Market road (évidemment!).
Plus qu’un marché, il s’agit plutôt d’une rue à thème où s’alignent de petites boutiques de fleurs, ouvertes toute l’année et toute la journée. Ici nul besoin de se lever à l’aube comme la majorité des marchés pour apprécier le doux parfum des fleurs. À première vue, la rue n’est pas très longue et il semble bien moins impressionant que le marché aux fleurs de Pak Khlong Talaat découvert à Bangkok en Thaïlande, mais il n’est pas inintéressant pour autant.
Joliment exposées en bouquets dans des sceaux de plastique, les fleurs se présentent à peu de chose près comme elles le seraient chez nous. Les caractères chinois gribouillés sur de petits écriteaux de carton sont néanmoins là pour nous resituer.
Malgré quelques gardénias blancs et des roses colorées ici et là, ce sont principalement les plantes favorites chinoises que l’on retrouvent ici, telles que la pivoine, le chrysanthème ou encore le bamboo.
Les chinois adulent les fleurs auxquelles ils associent un grand nombre de vertus et de symboles. Éminémment representées dans l’art chinois depuis des siècles, les plantes possèdent à leurs yeux une certaine nature humaine ; les arborer est alors un exemple d’harmonie entre la nature et l’être humain.
La pivoine, avec sa position privilégiée de fleur nationale, impose son rose poudré de toute sa splendeur. Désignée « fleur de richesse et de prestige » sous la dynastie Song (960-1279), elle est aujourd’hui symbole de richesse et d’honneur. Son parfum floral et aérien embaume! Il évoque un doux parfum de rose auquel on ajouterait de légers accents de muguet.
Plus loin, mes yeux (et mon nez) sont attirés par un tapis de fleurs multicolores. Réduites au statut de fleurs de cimetières en France, le chysanthème est une fleur extrêmement appréciée en Asie et particulièrement en Chine où elle est symbole d’éternité, de joie et de paix. À l’automne, la « fleur de la perfection » des chinois s’offre et se met en bouquet. Son parfum subtil, presque fade dévoile une note fleurie sur de légères effluves poudrées et épicées.
Puis au milieu de toutes ces fleurs, s’imposant de son vert vif, le ‘lucky’ bambou. Recommandé par les maîtres Feng Shui pour créer une énergie positive dans les environnements de vie, le ‘lucky’ bambou arbore plusieurs tailles et se présente dans une coupelle de porcelaine gracieusement peinte d’un bleu profond. Symbole de chance, il apporte fortune et prospérité. Le bambou chanceux s’offre pour de nombreuses occasions telles qu’un mariage, une fête, une naissance, un anniversaire ou encore une promotion. Il n’est donc pas étonnant de le trouver en abondance par ici, chez tous les marchands de fleurs. Son léger parfum, vert et aquatique, se veut lui bien discret au milieu de cette horde d’odeurs en tout genre.
Mais que ce soit pour admirer les couleurs chatoyantes ou en apprécier les senteurs, les hongkongais se baladent ici en nombre et l’ambiance n’a elle rien à envier aux marchés des pays voisins. Flânant de fleurs en fleurs, déhambulant de parfums en parfums le temps d’un après-midi, je me suis laissée engloutir par le flot humain qui balaie ces artères pleine de vie. Une expérience riche en découvertes, bien plus fascinante qu’elle ne pourrait le laisser supposer!
CARNET D’ADRESSES