Pourquoi suivre avec autant de passion la délicate mais déja lumineuse arrivée de Monseigneur Jean-Yves RIOCREUX en Guadeloupe ? une fois la question posée il faut y répondre !
Chacun répondra à sa main, à son coeur... Ce que je sais c'est que l'Eglise de Guadeloupe n'aura sans doute pas une seconde chance de s'en sortir. Les clés sont entre les mains de cet Evèque venu du froid, mais une fois les portes ouvertes c'est en nous, dans notre communauté que nous devrions trouver le vrai chemin de l'amour.
L'Homélie de Mgr Jean-Yves Riocreux
Homélie du dimanche 30 septembre 2012
« Avance au large ». Telle est cette invitation de Jésus à l’apôtre Pierre. Cette phrase de l’Evangile, le bienheureux Jean Paul II l’a mis en exergue dans une lettre « Au début du Troisième millénaire », en méditant cet appel adressé à travers le premier apôtre à toute l’Eglise.
«Duc in Altum », comme l’a écrit le pape en parlant de toute l’Eglise : « Cette parole résonne aujourd’hui pour nous et elle nous invite à faire mémoire avec gratitude du passé, à vivre avec passion le présent, à nous ouvrir avec confiance à l’avenir » (NMI 1). Comme ces mots trouvent écho en moi en ce jour en devenant le Pasteur de notre Eglise en Guadeloupe.
« Avance au large ». J’ai entendu le Christ lorsque j’ai été nommé évêque en 2003. Et ce large, ce furent ces années heureuses d’épiscopat dans le Val d’Oise, lieu de rencontres des peuples, dont les Antillais, nombreux en Ile de France.
« Avance au large ». Spontanément, j’ai répondu positivement à ce nouvel appel du Seigneur à travers son Eglise pour venir ici et devenir ainsi le 13ème évêque de ce diocèse. Depuis, j’ai reçu de nombreux messages de bienvenue qui me vont droit au cœur. Car, vous le savez bien, c’est une mission particulière que l’Eglise m’a confiée en me demandant de succéder à Mgr Ernest Cabo que je salue fraternellement. Mission délicate, mais passionnante et enthousiasmante comme nous l’avons vécu avant hier avec les jeunes en l’église Saint Pierre et Saint Paul de Pointe à Pitre.
Aussi, en cette heure historique pour notre Eglise, dans le souvenir de tout le passé chrétien de cette Eglise en Guadeloupe, avec ses joies, ses épreuves et ses espérances, je souhaite vous donner la signification de ces nobles rites d’installation dans cette cathédrale Notre Dame de Guadeloupe.
- D’abord celui de ce triple baiser. En effet, au début de cette célébration, j’ai embrassé : la terre, le crucifix et l’autel.
- Embrasser le sol de Guadeloupe. Voilà un geste original utilisé maintes fois par le pape Jean Paul II lors de ses voyages apostoliques. Il voulait montrer qu’il embrassait le pays visité et le peuple qui l’accueillait. Pour ma part, j’ai voulu montrer que j’embrassais la Guadeloupe, tous les habitants de ces iles : de la Basse Terre où nous nous trouvons, de la Grande Terre, des Saintes, de Marie Galante, de la Désirade, de Saint Martin et Saint Barthélémy. Oui, vous tous frères et sœurs dans le Christ, amis, présents dans cette cathédrale et dans les rues de la ville et vous tous qui vous unissez grâce à la TV et la radio. Oui, je vous salue avec affection, heureux de devenir votre évêque.
- Embrasser le crucifix. C’est le geste liturgique de la vénération de la croix, comme nous le faisons le Vendredi Saint. Et c’est le Christ notre Sauveur que nous honorons, lui que je suis chargé de vous annoncer.
- Embrasser l’autel de l’Eucharistie, comme nous le faisons au début de chaque messe, c’est aussi un signe liturgique fort pour dire que c’est lui qui nous rassemble.
Oui, vous êtes venus pour voir votre nouvel évêque et prier avec lui, mais c’est aussi et avant tout pour répondre à l’invitation du Christ Lui-même, Lui qui nous rassemble, Lui qui nous a dit au début de la célébration : « La Paix soit avec vous ».
- Ensuite, l’installation à la cathèdre. C’était le moment fort de cette célébration, car il marque le lieu où le successeur des apôtres présidera désormais dans sa cathédrale, église-mère du diocèse. Et, chaque prêtre, en chaque eucharistie, priera pour son évêque montrant ainsi la communion qui nous unit. Désormais, dans cette église où je viendrai prier régulièrement, je serai là assis à ce siège, au-dessous de cette phrase que j’ai choisie : « Avance au large ».
Et nous voici ensemble maintenant pour le temps que Dieu nous donnera, ces années qui s’annoncent devant nous. Durant ce temps, comme j’y suis invité, j’annoncerai la Parole de Dieu me souvenant que le livre de la Parole de Dieu a été mis au-dessus de moi au jour de mon ordination épiscopale. Je commenterai cette Parole de Dieu ici et dans toutes les églises du diocèse pour les grands moments : messe chrismale, ordinations, confirmations. Et vous découvrirez que votre évêque aime à prier avec vous et à méditer la Parole de Dieu. Parole de Dieu nous rappelant que nous sommes tous appelés à faire partie de ce peuple de prophètes : « Ah, si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes », et c’est vrai par notre baptême, nous faisons partie de ce peuple de prêtres, de prophètes et de rois. » Parole de Dieu exigeante aussi par ces mots très forts de l’apôtre Jacques dans la deuxième lecture.
Amis, en ce jour, vous vous demandez peut être : Que va faire notre évêque ? Quel sera son programme ?
A ces questions, la réponse est simple et a déjà été donnée de multiples manières, notamment dans cette phrase du pape Benoit XVI au début de son ministère à Rome en 2005 : « Mon véritable programme est de ne pas faire ma volonté, de ne pas poursuivre mes idées, mais, avec toute l’Eglise de me mettre à l’écoute de la parole et de la volonté du Seigneur, de me laisser guider par lui, de manière que ce soit lui-même qui guide l’Eglise en cette heure de notre histoire » (24 avril 2005).
Et pour cela, il me faut découvrir votre histoire, celle de ce peuple, ici, en Guadeloupe, celle de son Eglise. J’ai déjà beaucoup lu, beaucoup entendu, et je continuerai à lire et à écouter. Et, en cet instant, je repense à ce grand évènement de l’histoire de l’Eglise en Guadeloupe. C’était le 19 Novembre 2000 lors d’une messe solennelle marquant le 150ème anniversaire de la fondation du diocèse. Le cardinal Lustiger, alors archevêque de Paris était l’envoyé spécial du Saint Père. Avant son voyage mémorable ici aux Antilles, il avait beaucoup lu, consulté et j’avais été honoré d’être alors associé à Paris à cet évènement. Et je voudrai rappeler les questions pertinentes de Mgr Lustiger : « Que s’est-il passé pendant les deux siècles qui ont précédé, c'est-à-dire du milieu du 17ème jusqu’au milieu du 19ème siècle ? Quel a donc été cet enfantement dans les douleurs de l’esclavage ? » Et il continuait dans la grâce qui a été faite par la présence chrétienne : « Autre chose s’est passé en votre peuple que la destruction et l’avilissement provoqués par cette détresse. L’identité guadeloupéenne s’est façonnée par le mystère de la croix du Christ, cette croix plantée ici au cœur des deux ailes du papillon, qui n’est pas signe de mort, mais de Vie »
Oui, la grâce du Christ, du baptême vous a délivrés de la servitude intérieure et a rendu à tous le courage de vivre, de croire, d’aimer et de pardonner. C’est tout cela que j’ai découvert lors de mes années de sacerdoce, depuis la Nouvelle Calédonie où j’ai rencontré de nombreux Antillais, jusqu’à Paris, dans le Val d’Oise, en Ile de France lors de multiples rencontres avec vos parents, vos cousins, vos amis vivant en Métropole.
Oui, en ce moment, je pense à tout ce passé douloureux certes, mais aussi à cette grâce qui vous a été faite par les évêques, les prêtres de nombreuses congrégations qui sont venus ici pour être évêques et prêtres pour vous. Permettez que je mentionne quelques noms : d’abord ceux qui sont enterrés dans cette cathédrale : Mgr BOUTONNET et Mgr REYNE au 19ème siècle, Mgr GENOUD et Mgr OUALLI au 20ème siècle. Et j’y ajoute deux autres de mes prédécesseurs : Mgr FORCADE, 2ème évêque de Basse Terre - il a fait construire l’évêché et fut ensuite nommé à Nevers pour devenir « l’évêque de Sainte Bernadette Soubirous »-, et Mgr Jean GAY, grand évêque que les plus anciens ont bien connu.
Je m’inscris dans cette histoire, en me projetant aussi dans l’avenir. Pour cela d’ailleurs, j’ai mentionné deux priorités : les jeunes et les vocations. Oui, Il faut rendre grâce pour toutes les vocations sacerdotales et religieuses depuis un siècle, anciennes ou récentes, dizaines de prêtres et de consacrés, mais, dans le même temps, nous nous devons aussi d’accompagner ces jeunes disciples du Christ, prêts eux aussi à entendre l’invitation de Jésus : suis moi, avance au large.
Que vous dire encore au seuil de cette mission ? L’essentiel : Dieu vous aime. Dieu aime chacune et chacun d’entre vous, tous jeunes et moins jeunes, bien portants et malades. Et vous, vous aimez Dieu, vous aimez la prière. Quel émerveillement en pensant à la neuvaine qui vous a mobilisés partout.
Que dire encore ? Nous allons vivre de beaux moments et cela, tout de suite. L’année de la foi, le 50ème anniversaire de Vatican II, Diaconia 2013, les JMJ de Rio. Autant d’évènements que nous vivrons au diapason de l’Eglise universelle, de l’Eglise en France et de l’Eglise aux Antilles.
And I would like to greet all of you here, especially my brother bishops. We are privileged to have you for this historic moment of the Catholic Church in Guadeloupe. I know already some of you. And I look forward to work with you. Next april, we will have our bishop’s meeting here. You will be most welcome. Today, listen to the call of the Lord: “Duc in altum”. Go in the deep water.
Et je termine avec le psalmiste : « Exulte la terre. Joie pour les îles sans nombre » (Ps 96, 1). Amen.