Cela fait bientôt douze mois que je voyage autour du monde pour essayer de comprendre pourquoi certains pays se développent alors que d’autres sont en déclin. Douze mois au cours desquels j’ai tenté d’appréhender ce dont nous pouvions nous inspirer en France pour enrichir notre pays. Douze mois pendant lesquels j’ai suivi l’actualité de la société française et rempli mes devoirs de citoyen en exprimant mon opinion à chaque tour des élections présidentielle et législative.
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Pour relancer notre économie, vous donnez priorité à l’industrie française, ce que je comprends, respecte et soutiens. J’aimerais simplement attirer votre attention sur l’idée suivante : vous savez mieux que moi à quel rythme certains pays d’Asie et d’Amérique Latine se développent. Les BRICS, comme nous les appelons, jouissent de capacités de production et d’un marché intérieur leur conférant un avantage structurel avec lequel il nous sera difficile de rivaliser. Du moins frontalement : nous ne pouvons pas produire moins cher qu’en Chine, ni consommer plus que le Brésil. En revanche, ce que nous pouvons faire, c’est inventer le monde de demain et y prendre part grâce à nos capacités d’innovation, en créant ce que nous seuls sommes capables de créer et ce pour quoi le reste du monde sera prêt à payer, comme l’expliquait Seth Godin lors de son entrevue avec L’Entreprise. Nous avons les ressources intellectuelles, matérielles et financières pour faire de notre pays un leader du monde de demain. Mais il faut pour cela laisser les talents s’exprimer : dans cette perspective, entreprendre, ce n’est pas bien, c’est crucial.
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Le 9 septembre 2012, vous avez déclaré au Journal de 20h de TF1 : « Je veux que les Français se disent, en 2017, nous vivrons mieux qu’en 2012. » Savez-vous quels sont les cinq facteurs qui influencent notre état de bonheur ? D’après le Professeur Martin Seligman, éminent psychologue américain et père de la Psychologie Positive, nous aspirons à davantage de bonheur lorsque nous sommes stimulés émotionnellement, moralement, socialement, spirituellement et intellectuellement. Comment pourrions-nous davantage nous sentir bien et responsables, nouer des liens, poursuivre des objectifs et accomplir des choses qui nous dépassent qu’en entreprenant ? Pour que nous les français, soyons un peu plus heureux, entreprendre, ce n’est pas bien, c’est crucial.
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Je n’ai pas la prétention de savoir mieux que vous ce qui est bon pour notre pays mais j’espère réussir à attirer votre attention sur les points cités précédemment. Car je pense qu’au-delà de la difficulté pratique que ces nouvelles mesures engendrent pour les entrepreneurs actuels ou à venir, il s’agit d’un signal fort et négatif envoyé à nos concitoyens à l’encontre de l’entrepreneuriat. Je ne sais pas si entreprendre, c’est bien ou mal. Ce dont je suis convaincu en revanche, c’est qu’aujourd’hui entreprendre, c’est crucial.