Un jour on commence à écrire un blog. On décide de parler de cinéma, mais en essayant de ne pas être un blog de plus qui ressemble à tant d’autres. On tâtonne, et puis finalement on trouve sa voie au milieu de cette autoroute embouteillée de l’expression virtuelle. On écrit un billet, deux, dix, cinquante. Et un beau jour, on se réveille et on se rend compte que le prochain billet sera le 500ème. Les 499 écrits jusqu’ici n’ont pas toujours été très inspirés, très originaux ou très remarqués. Certains furent laborieux, certains excessifs, certains lunatiques, certains agacés. Mais tous ont reflété leur auteur et son amour immodéré des salles obscures et de ces étranges objets cinématographiques qui y sont continuellement projetés, pour des siècles encore je l’espère. Oh là, je crois que je viens de parler de moi à la troisième personne, et quand c’est le cas, il est généralement temps de changer de ton.
J’aurais pu préparer un billet spécial pour l’occasion, cet anniversaire des 500. Mais je me suis finalement rendu compte que la meilleure façon de fêter l’occasion était peut-être d’ajouter une chronique de plus à ma série des « Pourquoi j’aime le cinéma » qui reflètent si bien ce que j’ai voulu partager avec ce blog depuis quelques années. Ce ne sont peut-être pas les plus élaborés pour ce qui est de l’éloquence, mais ils compensent amplement en sincérité, en passion, en sourires, en souvenirs et en émotions. Un jour on commence à écrire un blog, et on a envie d’expliquer inlassablement, encore et toujours, l’addiction, l’adrénaline, la passion. Alors, une fois de plus, je me le demande, et à travers moi, à vous aussi, pourquoi j’aime le cinéma ?
Parce que c’est le seul moment où j’adore m’engueuler avec mes potes.
Parce que je suis hanté par les cinémas de mon enfance. Le Colysée de Villeparisis. Le JacquesTati de Tremblay. Le Concorde de Mitry. Le Majestic de Meaux. Le Ciné 104 de Pantin.
Parce que Luke la main froide sait gober les œufs mieux que personne.
Parce que les soirées Bis de la Cinémathèque font découvrir d’autres chefs d’œuvre, oubliés, moqués, inénarrables du cinéma.
Parce que pour clore le débat, admettons-le, les ouvriers qui travaillaient à la reconstruction de l’Étoile Noire étaient des victimes innocentes.
Parce que je me souviendrai toujours de ma sœur en larmes sur le parking de Rosny 2 à la sortie du Grand Bleu, en 1998, pour les dix ans du film de Luc Besson, s’extasiant devant la beauté du film pendant que moi, je me marrais de la voir pleurer pour un film pareil.
Parce qu’Alec Guiness peut jouer huit rôles différents dans un même film sans qu’il en joue un de trop.
Parce que l’écho de « The sound of silence » résonne longtemps après avoir vu Anne Brancroft séduire Dustin Hoffman.
Parce que quand j’avais 11 ans, mes parents m’ont emmené voir la Director’s cut de quatre heures de « Danse avec les Loups » au Grand Rex et que ce fut un de mes premiers grand chocs cinématographiques, si ce n’est le premier.
Parce que Will Ferrell court nu dans la rue en croyant que le monde entier le suit alors qu’il est seul et bourré.
Parce que je ne me suis toujours pas remis de la découverte de « Rio Bravo » et « Il était une fois dans l’Ouest » sur grand écran.
Parce que quand j’étais gamin, on regardait toujours les mêmes films en boucle et qu’après on les rejouait en connaissant les répliques par cœur.
Parce que j’ai découvert "The Host" de Bong Joon-Ho dans la grande salle du Cinéma des Cinéastes des mois avant qu’il ne sorte en France et en Corée, et que j’en ai ressenti cette joie rare d’avoir vu là un film qui allait marquer son époque avant même que le monde le sache…
Parce que quand « Sur la route de Madison » est sorti, je n’ai pas voulu accompagner ma mère au ciné pour le voir. Parce que quand il est sorti en location au vidéo-club, je n’ai pas voulu le louer pour faire plaisir à ma mère. Parce que quand je l’ai enfin découvert à la télé, j’ai pleuré comme une fillette.
Parce que chaque fois que je remonte la rue Lepic, je revois Amélie la faisant traverser au vieil aveugle illuminé par la joie.
Parce que quand je regardais « Indiana Jones et le temple Maudit » enfant, je me cachais les yeux lorsque le cœur était arraché au pauvre bougre pendant la scène de sacrifice.
Parce que je n’arrive pas à croire qu’un producteur à Hollywood ait pu accepter de laisser Frank Darabont tourner la fin de « The Mist » telle qu’elle existe, mais je l’en félicite.
Parce que Sigur Ros accompagne la découverte du requin par Steve Zissou et son équipe dans « La vie aquatique ».
Parce qu’Alan Rickman n’est pas que Hans Gruber, le Shériff de Nottingham ou Severus Snape. Il est aussi la voix de Marvin, et celle de Dieu.
Parce que la mère d’Harold ne réagit pas aux mises en scène mortelles de son fils.
Parce que ce porc d’Irlandais de Malloy engage cet enfoiré de rital de George Stone dans la brigade d’Eliot Ness.
Parce que dans la tristesse de la mort d’un acteur se trouve aussi la joie de pouvoir découvrir ses films sur grand écran. Je me souviens de toi, Leslie Cheung.
Parce qu’au bout du compte… enfin… au début du conte, Clementine retrouve Joel à Montauk.
Parce qu'on n'a pas vu un film tant qu'on ne l'a pas vu sur grand écran.
Retrouvez les précédents billets de la série : - Pourquoi j'aime le cinéma - Pourquoi j'aime le cinéma, 2ème ! - Pourquoi j'aime le cinéma, 3ème ! - Pourquoi j'aime le cinéma, 4ème !