Plein les yeux, plein les oreilles

Publié le 08 octobre 2012 par Marc Lenot

Gu Dexin, Sept 2nd, 2006

Hema Upadhyay, The Space in Between You and Me, 2011

Le 104 se prête bien aux installations majestueuses, spectaculaires, au risque parfois de privilégier le pur spectacle : si je n'ai guère été impressionné par le mur 'I am free' qui barre l'espace dans l'exposition 'par nature' (jusqu'au 17 mars), le contourner dévoile par contre deux très belles installations, véritablement naturelles, elles. Un tapis de pommes rouges de l'artiste chinois Gu Dexin, quelque peu écrasées au bulldozer, va lentement se décomposer en pourrissant tout au long de l'exposition (du Blazy épuré ?), cependant que l'artiste indienne Hema Upadhyay (remarquée à Lyon) écrit à sa famille en semant des graines dans du terreau : une lettre qu'ils ne liront jamais et que le spectateur lui-même a du mal à déchiffrer quand l'herbe pousse : la nature efface les lettres...

Zimoun, Woodworms, wood, microphone, sound system, 2009-2012

Ce sont, avec les oiseaux guitaristes de Céleste Boursier-Mougenot, les pièces les plus en phase avec ce que j'ai compris du thème de l'exposition : comment l'expression artistique peut-elle s'appuyer sur la nature, sur sa représentation mais aussi sur sa vie, comme sur la croissance et la pourriture des plantes. Il y a aussi l'artiste sonore Zimoun dont je découvre le travail et en particulier cet enregistrement étrange d'insectes xylophages.

Joana Vasconcelos, The Bride, 2005

Joana Vasconcelos, Jardin d'Eden n.2, ph. Augusti Torres

Enfin Joana Vasconcelos, dont le lustre de tampons, prétendument chassé de Versailles au grand dam des féministes (pages 30/31), se retrouve ici dans une mise en lumière splendide, présente aussi dans un parking souterrain du 104 (quand ça marche) un tapis de fleurs lumineuses bruissantes et vibrantes, illusion ventée de toute beauté. En somme, plein les yeux, plein les oreilles : c'est un peu pour cela qu'on vient au 104...

Photos de l'auteur exceptée la dernière (courtoisie du 104, photo de Augusti Torres). Joana Vasconcelos étant représentée par l'ADAGP, les photos de ses oeuvres seront ôtées du blog à la fin de l'exposition.