"La grande gabegie de l'ère Descoings" titre Le Monde à propos du dernier rapport de la cour des comptes, ce qui suscite chez moi une double question :
- comment se fait-il qu'on ne l'ait vu plus tôt alors qu'il suffisait de se promener dans le septième arrondissement pour voir comment Sciences-Po a successivement récupéré les locaux de l'ENA, de l'école des Ponts et Chaussées, du cours Pollés (ou de je ne sais quelle autre boite à bac installée boulevard Saint-Germain au 199) et pour s'interroger sur les ressources de l'école pour se lancer dans de tels investissements (question que je me pose d'autant que tous les membres de la Cour des Comptes et tous les responsables des tutelles sont passés par cette école qu'ils connaissent sur le bout des doigts);
- mais en même temps, pourquoi reprocher à Descoings ces largesses ? En quelques années cette école a changé de dimension, le nombre d'étudiants a explosé, on ne peut plus passer rue Saint-Guillaume sans entendre des jeunes gens parler quinze langues différentes.
Tout cela me rappelle les propos d'un chauffeur de taxi à propos de Jean-Michel Boucheron, le maire socialiste d'Angouléme accusé il y a quelques années de corruption : "c'est vrai qu'il n'a pas été très regardant avec les finances publiques et que nous devons aujourd'hui rembourser les emprunts, mais nous n'avons pas à nous plaindre, grâce à lui la ville a vraiment changé, regardez le lycée, le musée de la bande dessinée…", phrase que l'on entendait il y a quelques années à Lyon à propos de Michel Noir et que l'on entend peut-être à Levallois-Perret à propos des Balkany : "ce sont des voyous mais qui savent utiliser leur enregent pour le bien-être de tous."
Ce n'est évidemment pas une excuse, mais que vaut-il mieux? un comptable qui ne dépense pas un centime de plus que nécessaire et qui ne fait rien et un conquérant ambitieux mais peu regardant? Descoings mérite beaucoup d'indulgence pour tout ce qu'il a fait. Les entrepreneurs dans le monde de l'éducation ne sont pas si nombreux!