Une lutte impitoyable pour décrocher les visas olympiques

Publié le 28 mars 2008 par Charles Duwez



A un peu plus de quatre mois des JO de Pékin, la France va désigner samedi, dimanche et mardi à Seo de Urgel ses représentants olympiques en canoë-kayak slalom, une lutte impitoyable car un seul bateau par catégorie décrochera son visa pour la Chine.

Vu les forces en présence et la compétitivité des pagayeurs français au niveau planétaire, aller aux Jeux devient plus difficile qu'y décrocher une médaille. "C'est vrai mais je préfère ça que d'avoir dix chèvres", commente le directeur des équipes de France Christophe Prigent. Il n'empêche que le souci d'ouvrir les JO aux nations émergentes transforme la chasse au billet olympique en crève-coeur dans le camp français qui a décidé de faire jouer la concurrence jusqu'au bout. Quoi qu'il arrive, du beau monde restera sur le carreau dans les quatre catégories olympiques (kayak hommes et dames, canoë monoplace et biplace hommes). C'est particulièrement vrai en K1 où, parmi les onze à prendre le départ samedi, on compte le champion olympique 2004 Benoît Peschier ainsi que trois champions du monde Fabien Lefèvre, Julien Billault et Sébastien Combot. Un plateau de rêve. Mais un seul qualifié!

         

En canoë aussi, Tony Estanguet, emblème de son sport, n'est pas à l'abri d'un accident qui pourrait le priver de la chance de postuler pour un troisième sacre olympique individuel consécutif, exploit inédit dans le sport français. "Ce serait fou", reconnaît le directeur technique national Philippe Graille, même si Estanguet a droit, comme le champion en titre du K1 Sébastien Combot, à un joker (une course gagnée) grâce à ses podiums aux deux derniers Mondiaux. Un avantage certain qui a failli partir en fumée lundi sur l'autoroute entre Pau et Seo de Urgel, lorsque les deux bateaux d'Estanguet se sont décrochés de la caravane pour atterrir dans le fossé! Sans trop de casse heureusement. "Sinon je ne sais pas comment j'aurais fait", souffle le Palois.

      

Chez les filles et en canoë biplace, la course s'annonce également très ouverte. "La concurrence va être féroce partout", constate Prigent, convaincu néanmoins que le système de sélections français est le bon: "Ceux qui en sortiront vainqueurs seront vraiment forts aux Jeux", où la France ambitionne trois médailles dont un titre en quatre courses. D'autant plus forts qu'ils auront su gérer le contexte très particulier du petit meurtre entre amis qui se prépare pour les quatre jours à venir. "On verra plus de larmes que de joie, raconte Yves Narduzzi, entraîneur national. Normalement, ils vivent ensemble mais là ils sont tous dans leur bulle, avec leurs proches. Ils ne se parlent pas trop. Il y a beaucoup de tension."


© 2008 AFP