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L’auteur :
Grand-mère indienne, grand-père mauricien, né en Alsace, Michaël Ferrier passe son enfance en Afrique et dans l’océan Indien, fait ses études à Saint-Malo et à Paris. Il est professeur à l’université Chuo de Tokyo où il enseigne la littérature.
Il vit à Tokyo depuis 1994.
Il a publié, entre autres : Le Goût de Tokyo (Mercure de France, 2008), Maurice Pinguet, le texte Japon (Seuil, 2009) et Kizu, la lézarde (Arléa, 2004). Tokyo, Petits portraits de l’aube, paru chez Gallimard en 2004, a reçu le prix littéraire de l’Asie 2005.
Son livre "Fukushima, récit d'un désastre" en 2012 est publié chez Gallimard.
L’histoire :
Michaël Ferrier revient sur la catastrophe de Fukushima et sur ses conséquences en mars 2011.
Ce que j’ai aimé :
Michaël Ferrier nous livre un témoignage précis, fruit d'une enquête et d'une expérience traumatisante. Il décrit pour garder une trace de cette catastrophe dévastatrice et pour ne pas laisser tous ses morts sous les décombres d'un pays meurtri. Homme érudit, il émaille son récit de nombreuses citations, allusions à des poètes, écrivains, historiens... Tour à tour poignant, cultivé, son témoignage est aussi teinté d'humour atant certaines situations, certains choix sont absurdes :
"Pour toute réponse, on arrose les réacteurs avec des dés à coudre et des lances d'incendie (bientôt des pistolets à eau ?) Onvoit des images qui rappellent irrésistiblement celles de Tchernobyl, comme ces hélicoptères équipés de blindages de plomb qui déversent des paquets d'eau sur les réacteurs et manquent à chaque fois leur cible. C'est tout ce qu'ils ont trouvé : des tuyaux d'arrosage. Vite un hélicoptère pour éteindre la centrale nucléaire !" (p. 66)
Néanmoins, la partie la plus intéressante du récit vient un peu tard, vers les dernières pages. En effet le témoignage de Michaël Ferrier dégage une impression de déjà vu, nous n’apprenons rien de nouveau, tout ce qui est dit, décrit, ne surprend pas le lecteur qui a suivi le tremblement et ses répercussions dans les médias au moment de la catastrophe. Certes l'auteur écrit très bien et nous offre de belles descriptions lyriques des paysages dévastés, mais le lecteur est aussi en droit d'attendre une réflexion différente, plus profonde sur les dessous de cette catastrophe nucléaire. Or seules les 60 dernières pages abordent le sujet de front.
"La palme en la matière revient incontestablement au docteur Shunichi Yamashita, professeur à l'université de Nagasaki et membre de l'institut de recherche sur la bombe atomique. Un florilège de ses déclarations donne une franche envie de rire... ou de vomir. La plus savoureuse : "La radioactivité n'affecte pas les gens souriants mais seulement les gens soucieux. Ceci a été prouvé par des expérimentations animales. " La peur de la radioactivité serait plus nocive que la radioactivité elle-même. Le traitement du docteur est donc simple mais efficace : Be happy, don't worry. On dirait le docteur Folamour de Kubrick quand il chante : "How I stopped worrying and learned to love the bomb !" (remplacer bomb par nuclear plant). Faut rigoler ! Ne plus s'en faire et apprendre à aimer la centrale, joyeuse, triomphante, rayonnante ! Un détail : le docteur Yamashita est conseiller pour les risques sur la santé de la radioactivité à la préfecture de Fukushima. Effectivement, c'est assez drôle. " (p. 202)
Ce petit bémol est mineur au vue de la qualité indéniable de ce témoignage...
Premières phrases :
« C’est un chinois, Zhang Heng, qui a inventé le premier appareil à détecter les tremblements de terre. En 132 après Jésus-Christ, il présente à la cour des Han un stupéfiant vase de bronze, semblable à une grande jarre de vin ou au corps ventru d’une carpe argentée. »