Personne aujourd'hui ne peut dire qu'il ne sait pas. La crise actuelle a été largement disséquée. Ses causes sont avérées. La dérégulation engagée dans les années 80 a conduit à une prise du pouvoir par des milieux financiers, guidés par la cupidité et l'irresponsabilité. Et au final, ce sont toujours les peuples et les plus pauvres qui payent.
En France, le mouvement Roosevelt 2012 propose de briser cette loi d'airain. Ses initiateurs, proches de la gauche ont même réussi l'exploit de formaliser un texte qui sera soumis aux militants socialistes dans le cadre de leur Congrès. Son succès ne devrait être que d'estime. Il y a peu de chances que du côté du château on saisisse la perche pour rompre avec 100 jours d'exercice du pouvoir bien insipides. Là où il faudrait un traitement de cheval, une reprise en main sévère de la finance, la majorité présidentielle en est encore à l'homéopathie pour traiter le cancer de la crise.
Et pour cause. Le lobby des banques et sa tête d'affiche, Goldman Sachs, n'a jamais été aussi puissant. Il a placé à tous les postes clés des hommes issus de ses rangs en Grèce, en Italie et même au cœur de l'UE avec les deux Mario. Evoqué à de multiples reprises, l'encadrement des pratiques financières ne risque pas d'avancer. C'est là où François Hollande aurait un rôle à jouer s'il voulait entrer dans l'Histoire et ne pas en être simplement son jouet. L'Europe et plus généralement l'Occident, attendent leur Roosevelt 2012, celui qui sera capable de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.
Le bégaiement de l'histoire ne doit pas être à sens unique, celui d'une répétition cyclique de la crise. Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve (Friedrich Hölderlin). Notre époque attend ses porteurs de lumiére. Il n'y aura pas de grand dessein européen sans remise au pas de l'économie et réaffirmation de la prééminence de la puissance publique. Sans aussi une Europe plus sociale et plus démocratique. Laisser faire, c'est laisser les peuples se dresser les uns contre les autres dans un inévitable partage de la misère.
Ce qui est sûr comme le disait Einstein, c'est qu'il ne faut pas compter sur ceux qui ont créé les problèmes pour les résoudre. Ce n'est pas d'hommes du sérail de la finance (rebaptisés techniciens) dont nous avons besoin pour sortir de la crise mais d'homme politique au sens noble du terme, dotés d'une vision du monde et capables de donner un cap. Monsieur Hollande, pouvez-vous être celui-la ? On ne vous en voudra pas d'échouer mais assurément de ne pas avoir essayé.