Les valseuses

Publié le 08 octobre 2012 par Olivier Walmacq

Deux marginaux prennent la route et emmènent un jeune femme dans leur cavale. C'est parti pour une virée très sexuée...

La critique de Borat jouant au bowling

Voilà le type même de film qui ne pourrait plus jamais se faire de nos jours que ce soit en France ou ailleurs. Trop osé pour faire du fric, trop sexué dans un monde du cinéma qui se censure de plus en plus quand on voit un peu trop ce qu'il y a en dessous de la ceinture (alors qu'un sein...), trop contestataire... Trop quoi. Les valseuses est donc un film polémique et se révèla pourtant être un gros succès en France malgré son interdiction aux moins de 18 ans en salles. Depuis, l'interdiction a évidemment été allégé et il est interdit aux moins de 16 ans. Il faut dire aussi que l'on retrouve un casting populaire avec Gérard Depardieu, le regretté Patrick Dewaere, Miou Miou, Jacques Chailleux, Isabelle Huppert, Jeanne Moreau, Sylvie Joly et quelques membres du Splendid comme Thierry Lhermitte et Gérard Jugnot en figuration. Le film de Bertrand Blier n'a pas de réel scénar ni même de trame particulière. On suit juste deux marginaux, Jean-Claude (Depardieu) et Pierrot (Dewaere) dans une virée assez particulière. Pour cela, rappelons le contexte du métrage. Nous sommes en pleine révolution sexuelle et culturelle. Les soixante-huitards ont gueulé, ils ont ce qu'ils voulaient et comptent bien en profiter.

Ironiquement, le film est sorti la même année qu'Emmanuelle, cet autre film sexuellement percutant. Nos deux cocos sont un peu de ce genre mais en encore plus libéré. Préparez les mouchoirs car ça ne va pas être triste. En effet, nos cocos vont bien en profiter. D'abord cela passera par le vol de voiture puis de coiffeur (ce qui vaudra une belle balle à côté des roubignoles de Dewaere, séquence hilarante de le voir se plaindre que son membre ne lui fait plus rien ressentir!), puis l'enlèvement de la femme du coiffeur. Cette dernière (Miou Miou) n'a aucune jouissance à faire l'amour. Nos accolytes auront beau tout lui faire dans les moindres positions et à plein temps, rien n'y fait. Elle n'a aucun plaisir. C'est tout le dilemme de ce genre d'époque. Certes il y a eu libération des sexes et le sexe en lui-même est devenu un véritable sujet de société mais dans tout ça, est-ce qu'on éprouve encore du plaisir à ça? Telle est la question posée par Blier dans le cas présent. Finalement ce ne sera pas grâce à nos deux zigotos que notre jeune femme jouira enfin mais d'un mec de passage assez excité! Après cela, tout ira mieux et on couchera même à tour de bras dans la voiture (bah oui faut bien vérifier!)!

Clairement, Blier va assez loin et s'en donne à coeur joie. Le spectateur rigole plus qu'il ne répugne, les dialogues étant tout simplement succulants. On en perd pas une miette. De plus, le réalisateur peut compter sur le naturel débordant des acteurs. Sans eux, le film serait vite devenu sacrément chiant! Depardieu se révèle enjoué et jovial. Il s'éclate particulièrement que ce soit en vagabond qu'en forniqueur. Dewaere aussi mais pour le coup s'avère plus sobre. Reste qu'il est toujours aussi puissant. Miou Miou est en pleine forme dans ce rôle pour le moins arhem. Il fallait oser prendre un rôle de femme plus ou moins soumise et polygame sur les bords. Blier ne juge jamais ses personnages sur leurs actes, car lui aussi transgresse le cinéma traditionnel en dézinguant sa sobriété alors que Truffaut est en train de faire un biopic sur la fille cinglée de Victor Hugo! L'heure est à la liberté qu'elle soit morale (le suicide de Moreau fort d'une réflexion avant), sexuée ou d'opinion. Que ça plaise ou non. La preuve que ça peut marcher: plus de 5 millions de spectateurs ont été le voir à l'époque.

Un film pour le moins drôle et percutant tel que l'on n'en verra plus de nos jours.

Note: 18/20